Chronique économique,
18/11/2003 |
C'est un document très
important que la France soumet aux 15. Véritable écho à «l'initiative
coton» présentée conjointement au dernier sommet de l'OMC,
l’Organisation Mondiale du Commerce à Cancun par le Mali, le Bénin,
le Burkina et le Tchad, ce «programme d'action» préparé par le
gouvernement français s'appuie sur trois axes : «la correction
des facteurs externes de déstabilisation du marché» (en clair
les subventions des pays du nord à leurs propres producteurs de
coton), «la consolidation des filières africaines», et
enfin «l'élaboration d'un cadre permettant de répondre aux
effets de la volatilité des cours».
Le programme d'action français propose notamment que, dans le cadre
de l'OMC, l'Union européenne soutienne les quatre pays producteurs
africains. A l'instar de la réforme de la PAC, la France suggère
de découpler partiellement les aides versées aux producteurs et
les quantités produites». La filière coton fait vivre deux
millions de producteurs en Afrique, lesquelles font vivre au bas mot
dix millions de personnes parmi les plus pauvres, et sans doute
davantage. Le document français évoque le chiffre de quinze
millions. Tel est l’enjeu de cette initiative.
Ce projet français est présenté à l’occasion de la visite à
Paris du président sud-africain Thabo Mbeki, l’un des promoteurs
du Nepad. Toutefois si les pays africains producteurs de coton
peuvent à bon droit estimer que leurs efforts commencent à payer
avec le projet français, ils auraient tort d’y investir trop
d’espoir : d’abord parce que la guerre de l’acier entre
l’Europe et les Etats-Unis illustre bien à quel point il est
difficile de faire plier l’administration américaine sur des
questions de subventions, y compris celles qui sont jugées abusives
par l’OMC. Que dire alors du coton qui n’est pas «made in
Europe» comme l’est l’acier ? ensuite parce que les mécanismes
de régulation des cours fonctionnent rarement sur les marché des
matières premières. Du reste, dans le document français, il est
simplement question de répondre à la volatilité des cours et non
de contraindre cette volatilité. Et enfin, parce que les
subventions américaines ne constituent pas le seul problème des
cotonniers africains. On ne saurait négliger l’agressivité
commerciale des producteurs d’Asie Centrale ou les investissements
technologiques nécessaires à l’amélioration de la filière
africaine pour lui permettre de conserver sa compétitivité à
moyen terme.
Reste à souligner la promptitude de la démarche française. L’échec
de Cancun trouve là un écho auquel les pays du sud pourraient bien
être sensibles. A condition bien entendu que l’initiative proposée
par Paris soit entérinée par l’Union européenne, condition nécessaire
pour lui octroyer une masse critique nécessaire (mais pas
suffisante) à son éventuel succès lors des négociations
commerciales multilatérales. |
Norbert
NAVARRO
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