La
situation paraît bel et bien inextricable pour les producteurs
africains de coton. Il subissent une baisse des cours qui ne connaît
aucun répit. Et depuis que les Etats-Unis ont ouvertement instauré
une politique de subvention à la production, ils se demandent à
quelle sauce ils vont être mangés.
On ne perçoit pas le moindre frémissement sur le marché du
coton, c’est le calme plat, on reste dans la zone des quarante
cents par livre sur le marché de New York. Rappelons qu’il y a
un an et demi, l’or blanc évoluait encore dans la zone des 64
cents la livre. A ce prix là, les productions africaines étaient
compétitives, mais depuis qu’on est passé en dessous de la
barre des 50 cents, elles ne le sont plus, et leur sort prend une
tournure réellement dramatique au regard des politiques de
soutien pratiquées chez leur concurrents Américains, Européens
et Chinois.
La semaine dernière aux Etats-Unis 94% des surface étaient déjà
plantées, en avance par rapport à la moyenne observée sur les
cinq dernières années, grâce à des conditions météo
favorables. Le seul facteur capable de faire bouger le marché
c’est le climat. Le Texas du sud a grand besoin d’eau, sinon
la prochaine récolte pourrait en pâtir, les trader guettent le
moindre signe capable de modifier les volumes mis sur le marché.
Les producteurs du nord déconnectés du marché
Pour l’instant, les balles de coton d’Amérique déboulent sur
le marché. C’est que l’utilisation industrielle de coton aux
Etats-Unis a baissé de 6% d’une année sur l’autre. Et donc,
on exporte à tour de bras. Les engagements dépassent les 2 600 000
tonnes.
Il n’y a pas de
raison que cela change, car aujourd’hui, les producteurs américains
sont complètement déconnectés de la réalité du marché.
Lorsque la fibre se négocie à moins de 0,9 euros par kilo, sur
le marché mondial, le producteur américain perçoit deux euros
par kilo, grâce aux subventions. L’européen est d’ailleurs
encore mieux rémunéré, à 2,5 euro le kilo de fibre. Cependant,
la production de coton en Europe représente à peine 2% du marché
mondial. Un marché largement dominé par les Etats-Unis. C’est
donc là que se joue le sort des 16 millions d’africains vivant
du coton.
Lors d’un récent séminaire, un responsable de l’association
américaine des exportateurs de coton admettait qu’il manquait
encore la volonté politique pour remédier à la situation. Et de
mentionner les limitations prévues par la loi, pour empêcher que
le système ne fasse qu’encourager les agriculteurs américains
à planter toujours plus. Mais le plafond des aides aux
exploitants est facilement transpercé, il suffit pour le
patron-fermier de créer des exploitations fictives pour les
membres de sa famille. C’est une pratique courante, ça
s’appelle l’arbre de Noël du Mississipi. De quoi écœurer définitivement
le planteur africain, qui n’arrive même plus à se payer les
intrants et le matériel nécessaire à la culture d’un or blanc
de plus en plus terne.
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