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Coton : le plus inéquitable des marchés

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Radio France Internationale qui propose chaque jour une sélection des articles de son site www.rfi.fr
 

Chronique des matières premières, 20/06/2002
Coton : le plus inéquitable des marchés
La situation paraît bel et bien inextricable pour les producteurs africains de coton. Il subissent une baisse des cours qui ne connaît aucun répit. Et depuis que les Etats-Unis ont ouvertement instauré une politique de subvention à la production, ils se demandent à quelle sauce ils vont être mangés.

On ne perçoit pas le moindre frémissement sur le marché du coton, c’est le calme plat, on reste dans la zone des quarante cents par livre sur le marché de New York. Rappelons qu’il y a un an et demi, l’or blanc évoluait encore dans la zone des 64 cents la livre. A ce prix là, les productions africaines étaient compétitives, mais depuis qu’on est passé en dessous de la barre des 50 cents, elles ne le sont plus, et leur sort prend une tournure réellement dramatique au regard des politiques de soutien pratiquées chez leur concurrents Américains, Européens et Chinois.

La semaine dernière aux Etats-Unis 94% des surface étaient déjà plantées, en avance par rapport à la moyenne observée sur les cinq dernières années, grâce à des conditions météo favorables. Le seul facteur capable de faire bouger le marché c’est le climat. Le Texas du sud a grand besoin d’eau, sinon la prochaine récolte pourrait en pâtir, les trader guettent le moindre signe capable de modifier les volumes mis sur le marché.

Les producteurs du nord déconnectés du marché

Pour l’instant, les balles de coton d’Amérique déboulent sur le marché. C’est que l’utilisation industrielle de coton aux Etats-Unis a baissé de 6% d’une année sur l’autre. Et donc, on exporte à tour de bras. Les engagements dépassent les 2 600 000 tonnes. 

Il n’y a pas de raison que cela change, car aujourd’hui, les producteurs américains sont complètement déconnectés de la réalité du marché. Lorsque la fibre se négocie à moins de 0,9 euros par kilo, sur le marché mondial, le producteur américain perçoit deux euros par kilo, grâce aux subventions. L’européen est d’ailleurs encore mieux rémunéré, à 2,5 euro le kilo de fibre. Cependant, la production de coton en Europe représente à peine 2% du marché mondial. Un marché largement dominé par les Etats-Unis. C’est donc là que se joue le sort des 16 millions d’africains vivant du coton.

Lors d’un récent séminaire, un responsable de l’association américaine des exportateurs de coton admettait qu’il manquait encore la volonté politique pour remédier à la situation. Et de mentionner les limitations prévues par la loi, pour empêcher que le système ne fasse qu’encourager les agriculteurs américains à planter toujours plus. Mais le plafond des aides aux exploitants est facilement transpercé, il suffit pour le patron-fermier de créer des exploitations fictives pour les membres de sa famille. C’est une pratique courante, ça s’appelle l’arbre de Noël du Mississipi. De quoi écœurer définitivement le planteur africain, qui n’arrive même plus à se payer les intrants et le matériel nécessaire à la culture d’un or blanc de plus en plus terne.


SOPHIE MALIBEAUX

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