Le lait de souchet va-t-il détrôner le bissap au Burkina Faso ?
Les « Koudou du Faso » viennent de tenir leur seconde édition (le 20 octobre 2012). Rappelons que les « Koudou du Faso » ont un double objectif : d’une part faire connaître la diversité et la disponibilité des produits locaux au Burkina Faso, et d’autre part inciter les populations du Burkina à les consommer. Ce choix devant permettre aux petits producteurs ainsi qu’aux transformateurs de vivre dignement des fruits de leur travail.
Cette année encore les « Koudou du Faso » ont été une grande réussite. : ils ont enregistré la participation de plus de 2000 visiteurs qui ont goûté 60 000 dégustations servies de 10h à 17h sans pause. Le marché de produits locaux, l’innovation de cette année, a réuni 15 marchands qui ont écoulé une bonne partie de leurs stocks. Une réussite de mobilisation au tour de la consommation locale et la demande d’investissement dans l’agriculture familiale.
7500 votes du public ont permis de récompenser 12 candidats (3 plats dans chaque catégorie). Avant de vous parler du palmarès, je voudrais mentionner l'Unité de Transformation Wênd-Yam qui commercialise de la farine de maïs complète et qui a présenté un tô préparée avec cette farine (écrasée avec le son du maïs, cette farine donne au tô une valeur nutritive bien supérieure à celui du tô blanc de maïs).
Je n'ai pas goûté à toutes les préparations offertes au public, mais j'ai visité personnellement tous les stands. J'ai été impressionné par l'effort qui a été fait sur la présentation, notamment « les œufs campana »(premier prix dans la catégorie « plat de résistance », qui sont faits de tô de maïs blanc (pour le blanc d’œuf) et de tô de maïs jaune pour le jaune d’œuf ! Et aussi par les « merguez de soja » (troisième prix dans la catégorie « entrée » (photo de droite).
Mais, je pense que le produit qui est appelé au plus bel avenir, c'est le lait de souchet (premier prix de la catégorie boisson, sous l'appellation eau chatta – sans doute parce que ce produit est plus connu en Espagne qu'au Burkina, sous l'appellation « Horchata de Chufa »).
Le grand public vient de plébisciter cette boisson. C'est un événement pour le Burkina. Ce souchet, appelé pois sucré, ou encore noix tigrée (dont le nom scientifique est Cyperus Esculentus Lativum) est bien connu au Burkina, mais largement sous-estimé. Le souchet est surtout cultivé dans le Sud-Ouest du Burkina, notamment du côté de Loropeni. En juin 2007, le Ministre de l'agriculture, Salif Diallo, a lancé le programme de promotion du souchet. A cette occasion il a dit : « L’objectif poursuivi est d’atteindre d’ici à 2010, 9 000 tonnes de souchet pour une valeur de 27 milliards de F CFA. » Je ne suis pas sûr (!) que l'objectif ait été atteint, mais je pense qu'il est temps que le Burkina exploite cette tubercule à sa juste valeur, et qu'une bonne partie soit transformée sur place. En Espagne, plus précisément dans la province de Valencia, le lait de souchet est tellement apprécié que vous pouvez le consommer à la terrasse, non pas d'une cafétéria, mais d'une Horchateria !
Les qualités du pois sucré, souchet, sont si nombreuses que cette tubercule mérite une lettre pour elle-même. Nous y reviendrons. Ceux qui veulent en savoir plus dès maintenant peuvent se rendre sur le site commercial de Tigernuts.com.
Koudougou, le 27 octobre 2012
Maurice Oudet
Président du SEDELAN