De la nécessité de protéger son marché intérieur...

Gouverner, c'est prévoir !

Il semble que ceux qui ont mis en place le TEC (Tarif Extérieur Commun de l'Union Economique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest - UEMOA, en l'an 2000) n'ont pas su anticiper les mouvements prévisibles du marché mondial. En supprimant quasiment toute taxe à l'importation sur le lait en poudre, le riz, l'huile, le blé... ils ont permis aux populations urbaines de se nourrir aux moindres coûts. Mais en favorisant les populations urbaines, ils ont freiné le développement des filières lait, riz, céréales... dont ils dépendent pour se nourrir !

Aujourd'hui les limites de ce TEC, sans doute le plus libéral du monde, apparaîssent clairement. Les producteurs de riz, et les producteurs de lait sont incapables de répondre à la demande puisqu'on les a découragés au lieu de les appuyer. Les populations urbaines (et rurales) sont livrées au bon vouloir du marché mondial. Et les gouvernements sont incapables de maîtriser la situation.

Voici, à ce sujet, quelques extraits de la revue de presse Afrique du 20/08/07 de RFI par Frédéric Couteau.

« Une hausse des prix menace les consommateurs ». Avertissement lancé ce lundi par Fraternité Matin. Le quotidien ivoirien affirme que le prix du pain pourrait prochainement augmenter. « La raison en est simple, explique le journal, la hausse du prix du blé sur les marchés mondiaux qui pourrait atteindre 60% pour la campagne d’août ».

Mais il n’y a pas que le pain. Et L’intelligent (d'Abidjan) s’indigne ce matin : « le prix des produits de grande consommation (huile, savon, lait…) augmente vertigineusement, sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt pour stopper l’hémorragie ».../...

Mali : baisse de poids pour le pain !

Ce phénomène de hausse des prix gagne toute la sous-région et même au-delà. « Flambée des prix du blé : le pain subit le contrecoup », titre L’Essor au Mali. Après une longue concertation, explique le journal, les acteurs de la filière pain ont pris une décision originale : pas d’augmentation directe pour le consommateur, mais une baisse du poids du pain. Ainsi la baguette de 200 grammes passe à 150 et le gros pain passe de 400 grammes à 300, pour un prix donc inchangé. Reste maintenant au gouvernement, précise L’Essor, à avaliser cette décision...

Nécessité de protéger son marché intérieur

Nous avons là la "démonstration par l'absurde" (expression bien connu des étudiants en mathématiques !) de la nécessité, pour nos populations et nos états, de récupérer le droit de souveraineté alimentaire. Inutile de se lamenter sur ce qui a été fait, par contre il est urgent de faire pression sur la commission de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) pour qu'elle corrige le TEC actuel, et surtout qu'elle instaure des taxes à l'importation variables en fonction du marché mondial de façon à assurer des prix rémunérateurs aux producteurs agricoles. La CEDEAO a tout ce qu'il faut pour produire le lait et le riz dont elle a besoin pour sa consommation. Elle a aussi la possibilité de développer des alternatives (à base de maïs ou d'autres céréales) au pain et aux pâtes alimentaires. Encore faut-il s'en donner les moyens et offrir un minimum de protection à ses propres producteurs, ce que font si bien les pays les plus riches.

Koudougou, le lundi 27 août 2007
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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