Ces dernières années, beaucoup d’efforts ont été déployés au Burkina Faso pour développer la culture du riz, avec des résultats mitigés ! C’est que le riz paddy n’est pas très rémunérateur. C’est ainsi que la coopérative de Bazon a perdu près de 20 % de ses membres (de 927 à 750). Pourquoi le riz paddy a-t-il tant de mal à se vendre ? Allez demander la réponse aux Thaïlandais et autres exportateurs de riz : tout le riz qui se trouve sur le marché mondial est subventionné. Bien plus, certaines ONG américaines de la place écoulent les surplus subventionnés américains (comptabilisés dans l’aide des USA aux PED). Comment une ONG peut-elle écouler (vendre à bas prix) pour 1,5 milliards de FCFA de riz pour son propre fonctionnement, et prétendre que cela ne joue pas sur le marché national Burkinabè ? On a même créé un nouveau mot pour décrire cette pratique : cela s’appelle « faire de la monétisation ». Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais entendu un paysan dire – en vendant sa récolte – « je fais de la monétisation ! »

Aujourd'hui, j'apprends qu'une autre ONG américaine, a reçu gratuitement (au titre de l'aide alimentaire) plus de 4 000 tonnes d'huile de soja, en provenance des USA. Cette huile, qui représente une valeur marchande de 1,7 milliards de FCFA (soit 2,6 millions de $ ou d'euros, a été mis sur le marché burkinabé, et vendue au plus offrant. Quand on sait que la SN Citec qui fabrique l'huile de coton est une des sociétés industrielles qui marchent le mieux au Burkina Faso, là encore, on peut se demander pour qui travaillent ces ONG américaines ? Pour le développement du Burkina Faso (leur raison sociale !) ou pour les producteurs américains ?

Interrogés sur cette pratique, des membres de cette ONG nous ont dit : "Nous ne sommes pas les seuls à faire cela !". C'est dire qu'il est temps de mesurer l'ampleur de ce phénomène. Car si l'aide alimentaire est parfois un mal nécessaire, elle peut se transformer en arme alimentaire !

Aussi, nous serons reconnaissant à tous ceux qui pourront nous donner des informations sur cette pratique au Burkina Faso, mais aussi dans les autres pays africains. Est-elle réservée aux ONG américaines ? D'autres pays, telle que l'Union Européenne se débarassent-ils ainsi de leurs excédents au risque de casser l'agriculture des pays du Sud ?

Combien de temps le Burkina laissera-t-il entrer librement sur son territoire les excédents de production des pays du Nord ?

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