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Le 10 juin dernier, j'écrivais "le lait en poudre est en forte hausse". Aujourd'hui, nous constatons que le riz est en train de prendre le même chemin. Des experts prédisent même que son prix ne devrait pas tarder à doubler sur le marché mondial. Certains n'hésitent pas à écrire que les populations urbaines de l'Afrique de l'Ouest "sont prises en otage" par ce même marché. A qui la faute ?

Une fois de plus, les théories libérales sur la sécurité alimentaire sont prises en flagrant délit d'échec. En refusant toute protection douanière, les responsables de l'UEMOA sont les premiers responsables de la situation actuelle. Si, en l'an 2000, les créateurs du TEC (Tarif Extérieur Commun) avaient eu le courage de taxer à l'importation le riz et le lait en poudre à 60%, nous n'en serions pas là. Une partie des recettes douanières aurait pu permettre de développer rapidement ces deux filères et le Burkina et le Mali (pour donner deux exemples de pays de l'Afrique de l'Ouest que je connais mieux) seraient très certainement proches de l'auto-suffisance en riz et en lait. Car les producteurs, sûrs de vendre leurs produits à un prix rémunérateur, auraient redoublé d'efforts pour répondre à la demande nationale.

Le 3 décembre 2004, des producteurs de riz du Burkina Faso, du Bénin, du Ghana, du Niger, du Mali, du Sénégal, du Togo ont déposé une pétition auprès des instances compétentes de l'UEMOA pour demander que la taxe douanière passe immédiatement de 10% à 20% et que le TEC de l'UEMOA soit réformé en profondeur de sorte qu'une véritable politique agricole puisse être mise en place à l'intérieur de l'UEMOA et de la CEDEAO, comme le prévoit le scénario proposé par le document de base de l’ECOWAP (la politique commune de la CEDEAO). Ils n'ont reçu aucune réponse. Leur demande serait toujours à l'étude!

Aujourd'hui, les populations sont à la merci du marché mondial. Elles vont devoir payer le riz et le lait au prix fort, mais au seul profit des pays exportateurs. Les producteurs vont pouvoir profiter de cette hausse des prix. Ils vont pouvoir augmenter leur production, mais sans l'appui de recettes  additionnelles.

D'autres produits alimentaires sont en hausse sur le marché mondial, comme l'huile de palme. Tous ces mouvements de hausse de produits alimentaires vont-ils suffire pour que les responsables de l'UEMOA et de la CEDEAO (et leur Président) se réveillent enfin, et réforment le Tarif Extérieur Commun (TEC) en y ajoutant une nouvelle bande tarifaire à 50 % ? Il y a urgence, mais les fonctionnaires de l'UEMOA et de la CEDEAO, sûrs de percevoir leur salaire mensuel, semblent moins pressés que les producteurs de riz et de lait et autres paysans.

Koudougou, le 9 juillet 2007
Maurice Oudet
Président du SEDELAN
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