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Ghana :

Mobilisation des agriculteurs pour le riz

Les producteurs de cultures vivrières - dont la plupart sont des femmes - constituent près de quarante pour cent de la population du Ghana. Outre les conditions rurales déjà précaires, le commerce n'a pas été un moteur du développement pour la plupart d'entre eux. De plus suite à la libéralisation, les agriculteurs sont devenus encore plus pauvres et sont encore plus exposés à l'insécurité alimentaire mais également à la fragilité de leurs revenus.

La GLTC (Ghana Trade and Livelihoods Coalition) a élaboré un programme visant à mobiliser les agriculteurs du pays afin qu'ils plaident et fassent campagne eux-mêmes en exerçant des pressions sur le gouvernement pour qu'il reconnaisse l'importance que revêt la production vivrière, à travers la mise en place de politiques et de pratiques favorables. Ce programme de plaidoyer a commencé par le riz. Pour ce faire une Semaine du riz a été organisée du 28 août au 1 er septembre 2006. Une conférence de presse a été organisée pour lancer officiellement la Semaine du riz et également la GTLC. De nombreux

représentants de diverses agences de presse ont assisté à l'événement. Le communiqué de presse publié pour l'occasion a mis l'accent sur le fait qu'en plus d'être une préoccupation pour un grand nombre de personnes dépendant pour leur survie, de sa production, de sa consommation et des recettes qu'il génère, le riz au Ghana a des incidences sociales, politiques, économiques et sanitaires. Ibrahim Akalbila, Coordonnateur par intérim de la GTLC, a expliqué que les producteurs ghanéens ont le potentiel de produire du riz brun, sain. " Nos agriculteurs sont injustement traités d'inefficients parce que les obstacles au commerce ont été abaissés et que des subventions sont versées aux agriculteurs et aux entreprises des pays industrialisés, ce qui permet aux pays développés d'exporter et de vendre à meilleur prix dans notre pays. "

" (..) Les dépenses annuelles pour les importations de riz sont à présent estimées à près de 200 millions de dollars. Ce montant pourrait faire une différence pour la vie des pauvres ruraux, " a ajouté Baba Tuahiru, Responsable du plaidoyer national d'Oxfam, M. Akalbila a noté que la libéralisation des échanges avait été mise en œuvre au Ghana après la suppression du soutien étatique (sous forme de subventions aux intrants et de facilitation de la commercialisation), durant la période d'ajustement structurel initiée par le FMI et la Banque mondiale. La GTLC a donc appelé le gouvernement à appuyer les agriculteurs et à envisager la réintroduction de mesures tarifaires et non tarifaires afin de protéger les producteurs de riz locaux contre le dumping. La Coalition a demandé une hausse de dix pour cent des droits tarifaires sur les importations de riz (c'est-à-dire de 20 à 30%) pour une période de 5 à 10 ans. Les recettes générées devraient être investies dans le développement du secteur du riz et utilisées pour créer le Fonds de l'agriculture.

La Coalition a également organisé un " rice durbar " à Asutsuare, une région rizicole. La manifestation a rassemblé plus de cinq cents (500) agriculteurs et  agricultrices, en vue d'échanges avec les responsables gouvernementaux (qui malheureusement ne sont pas venus) et les médias. Ce manque d'attention n'a toutefois pas découragé les agriculteurs tenaces qui se sont réunis le jour suivant pour traverser Accra en procession. Démarrant de " Nkrumah Circle ", les manifestants ont brandi des pancartes et distribué des prospectus aux passants et aux conducteurs. Certains des messages, rédigés de la main des agriculteurs, proclamaient

'Mangez du riz local pour vivre plus vieux'

'Les Ghanéens sont fatigués du dumping du riz',

'Augmentez les droits tarifaires sur le riz importé de 20% à 30%'.

Les agriculteurs sont allés présenter leur pétition aux Ministères de l'alimentation et de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, et des finances et de la planification économique. La procession a traversé la Place de l'Indépendance avant de terminer par le Parlement. Ceci a été le temps fort de la première Semaine du riz, qui a offert aux agriculteurs l'occasion de faire entendre leurs points de vue sur des questions d'intérêt national.

Deux autres semaines de ce genre sont prévues pour fin 2006.

Elodie Windels

Commentaire de abc Burkina : Cet évènement est à rapprocher de la démarche des producteurs de riz de la CEDEAO qui en décembre 2004 déposaient une pétition à l'UEMOA pour que les taxes à l'importation soient augmentées.

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