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Politiques Agricoles et Pauvreté Rurale :

Lettre ouverte des Missionnaires d'Afrique aux présidents des Conférences Episcopales d'Europe, 
des Etats-Unis, du Canada et de la France. 


Bobo-Dioulasso, le 27 septembre 2002

Au Président de la Conférence Episcopale des Etats-Unis
(mais aussi du Canada, de l’Europe et de la France)

Objet : Politiques Agricoles et Pauvreté Rurale.

Monseigneur,

Au moment ou s’achève le Conseil Plénier de notre Société, nous souhaitons partager avec vous une de nos préoccupations.

Nous avons voulu le réunir en Afrique, au Burkina-Faso, plus précisément à Bobo-Dioulasso. De ce fait, nous nous trouvons en pleine région cotonnière. Nous ne pouvons rester insensibles au désarroi de sa population. Aussi, nous nous permettons de vous transmettre l’appel que ses producteurs de coton nous ont remis. Le voici dans son intégralité.

« Au moment où il est question de lutter contre la pauvreté, les producteurs de coton du Burkina ont tout de suite compris que ce n’est qu’au prix de leurs efforts qu’ils peuvent venir à bout de cette pauvreté. Ils se sont mis à la tâche, et au moment où ils obtiennent un record de production jamais égalé, voilà que subitement les cours du coton s’effondrent. Nous en arrivons à nous interroger sur la volonté réelle des pays riches à faire reculer la pauvreté dans les pays pauvres.

Les subventions dont bénéficient les agriculteurs de l’Union Européenne (U.E.) et des Etats-Unis (U.S.A.) leur permettent de mieux résister à ces chutes de prix.

Mais ce n’est pas tout. Ces subventions ont des effets pervers sur les économies des pays pauvres, car elles stimulent artificiellement la production et entraîne une surproduction, et donc la chute des cours sur le marché mondial.

En subventionnant leurs producteurs de coton les U.S.A. et l’U.E. menacent gravement le coton africain, et donc l’avenir de millions de producteurs, et les économies de nombreux pays comme celles du Bénin, du Burkina Faso et du Mali.

Aussi, nous demandons solennellement aux U.S.A. et à l’U.E. de supprimer leurs subventions aux producteurs de coton.

Nous demandons à tous ceux qui veulent construire un monde plus juste et fraternel de se joindre à nous pour faire pression sur les Etats-Unis et l’Union Européenne pour qu’ils suppriment ces subventions. »

(Déclaration des producteurs de coton du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de Madagascar et du Mali, signée à Bobo-Dioulasso le 21 novembre 2001).

Le cas du coton est révélateur d’une situation dramatique pour les paysans des pays pauvres. Les règles du commerce international fonctionnent en faveur des pays riches, qui s'enrichissent chaque jour davantage, et contre les pays en développement qui s'enfoncent dans la pauvreté. Ces derniers n’arrivent plus à vendre leurs produits (coton, café, sucre, …), et les excédents de blé, maïs, riz…, déversés par les pays du Nord à des prix subventionnés, découragent leurs paysans.

Que vont devenir les paysans africains si les pays du Nord continue à déverser leurs excédents agricoles vers le Sud, à des prix qui n’ont rien à voir avec les coûts de production ? Sont-ils condamner à rester assis toute la journée comme les ouvriers de la dernière heure ? Qui leur redonnera leur dignité ?

Face à cette situation, et sachant que les Etats-Unis et l’Union Européenne se préparent à réformer leurs politiques agricoles en vue des prochaines négociations commerciales à l’O.M.C. nous souhaitons très vivement vous entendre prononcer solennellement une parole forte envers vos propres dirigeants, et envers le monde, demandant qu’au cours de ces prochaines négociations l’avenir des populations rurales des pays africains, et plus largement des pays du Sud soit pris en considération.

Confiant que vous accueillerez favorablement notre requête, nous restons fraternellement en Christ.

P. Richard François,
Supérieur Général,
Les membres du Conseil Plénier,
(sur deux feuilles jointes, les signatures des Provinciaux)
Missionnaires d’Afrique,
Bobo-Dioulasso,
Burkina Faso.

 

 
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