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Conte gouin par Mme Justine Fayama

12. La perdrix sèche de l’hyène

Il y a longtemps, une vieille femme vivait près du village de Bouki, l’hyène. Elle avait un grand troupeau de bœufs. Bouki lui dit d’une voix amicale : « Bonne vieille, je t’en prie, garde-moi cette perdrix : je vais au village voisin et je reviens dans peu de temps ! » Notre vieille, sans réfléchir, lui dit : « Mon enfant, il n’y a pas de problème, donne-la-moi ! »

L’hyène partie, elle prend la perdrix, la dépose dans sa case et ressort. En son absence, son chien s’empare de la perdrix de l’hyène et la mange. Bonne affaire pour l’hyène qui revient le soir et réclame sa perdrix.

Elle dit : « Maman, je suis venue chercher ma perdrix. »

La vieille lui répond : « Mon chien l’a mangée. »

L’hyène rétorque : « Si ton chien l’a mangée, je le prends à la place de ma perdrix. »

La vieille dit : « Prends-le. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Bouki l’hyène emporte le chien de la vieille pour le manger.

Elle revient le lendemain et dit : « Ma perdrix ! »

La vieille, tout étonnée, répond : « Hier, je t’ai donné mon chien à sa place et tu reviens encore aujourd’hui? »

A ces mots, Bouki menace la vieille avec ses crocs. Prenant peur, la vieille lui dit : « Va attraper un bœuf. » Bouki, toute joyeuse, s’empare d’un bœuf. La même scène se répète chaque soir chez la vieille.

Chaque soir, la vieille voit diminuer le nombre de ses bœufs tandis que Bouki fait la fête avec les siens. Le dernier bœuf qui reste est le plus gros. Le soir venu, avant l’heure de Bouki, la vieille l’attache, s’assoit et le regarde, les yeux pleins de larmes.

Arrive soudain le roi de la brousse. Voyant la vieille, il lui dit : « Maman, pourquoi pleures-tu jusqu’à avoir les yeux rouges ? » Notre bonne vieille lui raconte son histoire à partir du début.

Le lion, roi de la brousse, dit : « Détache vite le bœuf, attache-moi à sa place et va le cacher. Ainsi dit, ainsi fait. Et voilà le roi de la forêt au bout de la corde.

Ce jour-là, Bouki est en retard : elle arrive en pleine nuit. A son arrivée, la vieille lui montre le bœuf sans dire un mot. Toute contente, Bouki, sans le savoir, détacher le roi et s’empresse de rentrer.

En chemin, elle croise son ami Leuk, le lièvre. Avant cette rencontre, Bouki s’est retournée pour vérifier sa proie et ses yeux ont croisé ceux du roi au moment où un éclair brillait. Elle dit au lièvre : « Attrape mon bœuf pendant que je vais me soulager; je reviens tout de suite. » Le lièvre prend le bout de la corde et Bouki s’enfuit en brousse. Elle rejoint sa famille en chantant :

« J’ai flatté « Jounpè » et je lui ai remis le lion ! ».

Jounpè le lièvre s’aperçoit à son tour que ce n’est pas un bœuf qu’il tient en laisse. Il lâche la corde et veut s’enfuir, mais le lion lui dit : « Gare à toi si tu te sauves ! » De peur, le lièvre reprend la corde et la tire jusque chez Bouki, l'hyène. Quand Bouki voit rentrer dans sa case Jounpè Leuk, le lièvre, avec Waimasa le lion, roi de la forêt, elle dit aux siens : « Celui qui reste sur terre c’est son affaire, je n'ai rien à dire. A ces mots, tous sautent s’accrocher au toit de la maison. Le lion entre sans se presser et s’accroupit.

Quelques temps plus tard, le plus petit dit : « Papa, je suis fatigué ! » L’hyène lui dit : « Je ne suis pas ton papa, il est en bas. » Le petit se laisse tomber, le lion lui casse le crâne, le met de côté et attend. Le suivant dit à son tour : « Papa, je n’en peux plus ! » « Je ne suis pas ton papa, il est en bas », lui répond Bouki. Lui aussi tombe et est tué comme son frère cadet. Un à un, les enfants de Bouki sont tués de cette façon. A son tour, madame Bouki dit : « Mon mari, je suis fatiguée ! » « Ton mari est en bas, je ne le suis pas. » Madame hyène, n’en pouvant plus, se laisse tomber et va grossir le tas de cadavres hyènes.

Maintenant, c’est Bouki qui ressent la fatigue. Il dit au roi : « Tu vois que je suis grosse, je suis pleine de graisse; si je tombe, elle va s’étendre. Prends de la cendre et verse-en en-dessous de moi : si je tombe, ma graisse ne va pas s’étendre. Le lion, sans réfléchir, prend de la cendre et la répand sous Bouki. Bouki se jette alors sur la cendre qui remplit les yeux de Waimasa le lion. Quand le lion a fini de s’essuyer, Bouki est bien loin dans la forêt, mais elle s’est blessée aux reins en tombant. C’est cette entorse qu’elle a gardée jusqu’à aujourd’hui. Depuis ce jour, quand elle entend le bruit du lion, elle se cherche un refuge.

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