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Le mouvement paysan se fortifie !

Confédération Paysanne : la position de la FENOP

La Caisse de Soutien pour le Développement du Village de Djigouéma


Editorial

Le mouvement paysan se fortifie !

Vous le savez bien, les agriculteurs du Burkina, comme ceux du reste du monde, ont besoin d'un mouvement paysan fort. Lui seul peut vraiment défendre leurs intérêts. Or que voyons-nous ces derniers temps ? Le mouvement paysan se fortifie. D'abord au Burkina, où nous sommes heureux de saluer la naissance de la Confédération Paysanne du Faso (C.P.F.). Elle a mis à sa tête un homme fort. M. François Traoré. Comme président de
l'U.N.P.C.B. (Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina), et de l'U.G.V.B.M. (Union des Groupements Villageois de la Boucle du Mouhoun), il a montré qu'il savait défendre les intérêts des producteurs. Nul doute, qu'à la tête de la nouvelle confédération, il saura défendre les intérêts de l'ensemble des paysans du Faso.

La FENOP ne fait pas partie de cette C.P.F. Elle s'en explique dans ce numéro. Quant à nous, nous ne voulons pas prendre partie pour les uns ou pour les autres. Nous souhaitons vivement que la CFP et la FENOP trouvent le chemin du dialogue et de la collaboration.

C'est pour nous l'occasion de renouveler l'appel que nous avons lancé dans un précédent numéro des Amis de la Terre : que chaque paysan, que chaque producteur, que chaque productrice rejoigne dans son village une organisation paysanne et qu'il veille à ce que cette organisation soit rattachée à une des organisations faîtière du Faso (soit une de celles qui composent la nouvelle CPF, soit la FENOP).

Seul un mouvement paysan fort, rassemblant l'ensemble des paysans du Faso, pourra défendre les intérêts du monde rural.

Une autre bonne nouvelle : la FIMARC (Fédération Internationale des Mouvements d'Adultes Ruraux Catholiques) a réunit à Cotonou, du 9 au 26 novembre 2002, une centaine de paysans venus de 40 pays du monde entier. Elle a élu son nouveau président : M. Irénée Loyara, un paysan burkinabè du Mouhoun, responsable de l'A.C.R.A. (Action Catholique Rurale des Adultes) du Burkina.

Tout cela manifeste la vitalité du mouvement paysan, tant au Burkina Faso, qu'à l'échelle du monde entier. Ne restons pas à l'écart d'un tel mouvement.

Une des tâches qui attend, tant la CPF que la FENOP, c'est la défense de l'agriculture et de l'élevage burkinabè dans un contexte de mondialisation, dans un contexte de commerce international défavorable. Nous y consacrerons prochainement un numéro spécial des Amis de la Terre.

La rédaction


La Confédération Paysanne du Faso (C.P.F.)

Du 25 au 27 novembre, plus de 350 paysans représentant 5 Organisations Paysannes se sont retrouvés à Bobo-Dioulasso pour mettre en place la première confédération paysanne du Burkina, la Confédération Paysanne du Faso (C.P.F.). Ces 5 organisations paysannes sont dites faîtières car chacune d'elle regroupe un nombre important d'organisation de base. Elles ont elles-mêmes une structure nationale.

Il s'agissait de :

  1. la FEPAB (Fédération des Professionnels de l'Agriculture)
  2. l'UNPCB (Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina)
  3. l'UNJPA (Union des Jeunes Producteurs du Burkina)
  4. la FEB (Fédération des Eleveurs du Burkina)
  5. la FENAFERB (Fédération Nationale des Femmes Rurales du Burkina)

La grande absente était donc la FENOP (la Fédération Nationale des Organisations Paysannes).

Sur les banderoles qui décoraient la salle de réunion, on pouvait lire :

"Producteurs et productrices du Burkina, l'avenir de nos exploitations, l'amélioration de nos productions exigent une unicité de nos forces et un engagement permanent."

"Ensemble, Producteurs, Etat, Partenaires techniques et financiers, créons les conditions d'une agriculture professionnelle compétitive."

"Mouvement paysan fort = existence d'un cadre viable de concertation, de réflexion, de vision et d'action communes."

En plus de la relecture et de l'approbation des textes statutaires, l'assemblée a formulé quelques motions, comme une motion de défense des prix des produits agricoles.

Une des premières tâches de la CPF sera la mise en place des chambres régionales d'agriculture, qui devront défendre les intérêts des producteurs.

Voici la composition du premier conseil de gestion de la CPF :

  1. Président : M. François Traoré (UNPCB)
  2. Vice-président : M. Nebnooma Sawadogo (FEPAB)
  3. Vice-Président : M. Emmanuel Kaboré (UNJPA)
  4. Vice-Présidente : Mme Françoise Bangré (FENAFERB)
  5. Secrétaire Général : Bassiaka Dao (FEPAB)
  6. Secrétaire adjoint : Seydou Ouédraogo
  7. Trésorier : Bonkum Hamadou (FEB)
  8. Trésorier adjoint : Jean-Marie Kaboré
  9. Wênd-n-pui Ouédraogo
  10. Lamusa Wattara
  11. Jean-Prosper
  12. Bouleima Diallo
  13. Formation : Jules Zongo
  14. Adjoint à la Formation : Wattara
  15. Promotion féminine : Somporé Marcelline
  16. Commissaires aux comptes : François, Djénéba Diallo et Mme Tapsoba

Avant la cloture, le nouveau président, M. François Traoré a adressé un mot à l'assemblée. Il a commencé par remercier les uns et les autres pour le travail accompli pendant ces trois jours, pour ensuite mettre en garde les membres de l'assemblée : "C'est maintenant que le vrai travail commence." Il a dit que le Burkina pouvait compter sur les producteurs qui n'ont pas peur du travail. Quant aux producteurs et à la CPF elle sait pouvoir compter sur la volonté de l'Etat de l'accompagner.

"Quand 80 % des burkinabé sont des producteurs agricoles, et que la nourriture ne suffit pas, il y a quelque chose qui ne va pas. C'est cette situation, qu'ensemble, nous allons changer."

Après ce mot du président de la CPF, le Secrétaire Général des Ressources Végétales a prononcé quelques mots et déclaré la clôture de l'Assemblée Constitutive de la Confédération Paysanne du Faso. Il était 13 heures.

Bon vent à la nouvelle C.P.F.

Maurice Oudet


Confédération Paysanne : la position de la FENOP

Le 25 novembre 2002, la confédération paysanne du Burkina Faso a vu le jour à Bobo-Dioulasso. Parmi ses membres ne figurent pas pour l’instant la FENOP, notre fédération.

Nous vous livrons ci-dessous quelques éléments d’appréciations qui expliquent notre position actuelle.

Constat juridique

1 – La confédération, au regard de la loi est mise en place volontairement par au moins deux organisations (unions) reconnues sous la loi coopérative (loi n° 014/99/AN du 15 décembre 2002).

2 – La loi n’oblige aucune organisation à être membre de la Confédération.

3 – Cette loi n’a pas encore un décret d’application.

Constats pratiques/institutionnels

1 – La mission de la confédération ne saurait être contradictoire à celle de la FENOP, fondamentalement : la défense des intérêts du paysan.

Cependant, la divergence se situe au niveau du type de production à défendre principalement. La FENOP entend défendre les paysans de l’exploitation familiale. Plus de 95% des paysans sont de l’exploitation familiale. Un choix national de l’ensemble des organisations faîtières sous l’impulsion du ROPPA a d’ailleurs affirmé l’Exploitation Familiale (EPF) comme cible devant focaliser les actions de développement.

La confédération partage-t-elle cette orientation ?

Nous n’en savons rien !

2 – La FENOP étant une organisation reconnue par la loi burkinabé, sa place dans l’échiquier du développement agricole ne souffre d’aucune contestation.

De ce constat, la FENOP dispose de prérogatives pour faire entendre sa voix, être consultée par l’État et ses démembrements et solliciter des audiences auprès des services gouvernementaux et étatiques. C’est du reste ce qui justifie que le Ministère de l’Agriculture, de l’Eau et des Ressources Halieutiques (MAERH) déclare (le 10 septembre 2002) que ses portes restent ouvertes à la FENOP pour aborder tout sujet agricole.

3 – Les organisations membres de la FENOP ont accès à tout plan/programme de développement initié par l’État pour peu qu’elles soient officiellement reconnues.

La FENOP a toujours fait preuve de sa volonté de rechercher une synergie d’actions avec les organisations sœurs et briser une certaine étiquette négativiste que semblaient lui coller certains acteurs.

Que faire actuellement ?

Cependant, notre leitmotiv demeure la défense des intérêts des paysans, notre méthode peut être interpréter diversement par les uns et les autres, mais notre foi reste intacte : dans le combat pour un mieux être moral et matériel des agriculteurs burkinabé.

La FENOP


La Caisse de Soutien pour le Développement du Village de Djigouéma

La Caisse de Soutien pour le Développement du village de Djigouéma remonte jusque dans les années 1990 où, sous l’impulsion de l’Union des Coopératives d’Epargne et de Crédit du Burkina (ex UCEC-B), le groupement villageois a décidé de la mettre en place.

Constituée au départ de 30 membres, l’ex-coopec de Djigouéma aujourd’hui appelée CSDVD suite à la disparition de l’UCEC-B compte de nos jours 70 membres.

Ce qui a motivé la création de cette caisse, selon les dires de Konaté Seydou - trésorier -c’est que « nous avons constaté que dans le village lorsque les gens reçoivent de l’argent, ils ont des problèmes pour le déposer en lieu sûr. Aussi, lorsque les gens ont besoin d’argent, ce n’est pas simple. Ils ne veulent pas emprunter de l’argent auprès de n’importe qui. Nous avons alors décidé de nous organiser pour recueillir l’argent des paysans et leur octroyer des crédits. pour cela nous avons créé deux types de comptes : le compte courant et le compte bloqué ».

Si le compte courant fonctionne comme son nom l’indique pour la satisfaction permanente de ses adhérents qui peuvent à tout moment opérer des retraits, le compte bloqué, quant à lui, recueille des dépôts pour une durée de 12 mois minimum. C’est ce compte qui permet d’octroyer du crédit aux membres. Comme la capacité de la caisse est faible, les crédits sont limités dans une fourchette qui va de 5 000 F CFA à 50 000 F CFA. L’une des particularités de cette caisse, c’est le niveau de son taux d’intérêt. De 15%, il est passé à 20% dont 10% pour le déposant et 10% pour la caisse. Pour DAO Sibiri Yaya, membre influent « il n’y a aucun problème par rapport à ce taux d’intérêt. Les populations sont prêtes à emprunter 5 000 francs et rembourser le double voire le triple. Il nous arrive de voir des gens emprunter un sac de maïs et rembourser après la récolte deux sacs ». Si ce taux d’intérêt élevé ne pose aucun problème, c’est que la population de Djigouéma a compris les objectifs et le bien fondé de cette caisse qui a mis le développement du village au centre de ses préoccupations. Outre l’octroi de crédits à ses membres, la caisse vient résoudre les impondérables de la vie (maladies, décès etc.) et les réalisations socio-communautaires. Le crédit est octroyé au demandeur au travers de son groupement dont la production attendue de coton sert de garantie.

Les crédits octroyés servent généralement à payer les herbicides, les appareils et le matériel agricole comme les dabas, les semoirs, les charrues, les bœufs de traits. Certains crédits sont même utilisés pour constituer un fonds de commerce, ou résoudre les problèmes de scolarisation des enfants.

Pour le bon fonctionnement de la caisse, un comité de crédit a été mis en place, constitué de trois membres : un Président, un Secrétaire Comptable et un Trésorier. Il revient à ce comité d’apprécier les différentes demandes de crédits et d’estimer l’importance de l’urgence qui fait l’objet d’une demande de financement.

L’impact de la caisse

Cette caisse a permis à de nombreux producteurs de résoudre leurs problèmes d’équipement en matériels agricoles. De multiples problèmes sociaux ont pu être résolus grâce à elle.

En outre, elle a permis au village de constituer des fonds propres et de bénéficier ainsi de plusieurs financements comme l’école du village financé par le PDRI. A l’arrivée du projet, une contribution propre a été exigée mais personne au village ne disposait de moyens. Il a alors fallu recourir à la caisse. Il en a été de même lorsqu’il s’est agi de construire le parc de vaccination des animaux. Même le département de Padéma n’hésite pas à solliciter la caisse pour réaliser certaines activités comme ce fut le cas du lotissement du département l’année dernière.

« Dans le département, dès qu’il y a une urgence, tous les regards se tournent vers notre caisse, même l’administration, ce qui renforce l’influence de notre village sur l’ensemble du département » affirme avec joie le Président de la caisse TRAORE Adama.

TRAORE Kalifa : « Au début de cette campagne 2002/2003, j’avais un sérieux problème de charrue car celle que j’utilisais était hors d’usage. Je ne savais pas où emprunter une charrue ni où trouver de l’argent pour m’en procurer une autre. Je suis allé prendre un crédit de 35 000 F CFA à la caisse et avec cette somme j’ai acheté une nouvelle charrue. Aujourd’hui, mon champ se porte bien et je m’attends à de bons résultats au moment de la récolte ».

KONATE Alidou « L’année dernière, en pleine campagne agricole, un de mes bœufs de traits est tombé malade et est finalement mort. Je ne savais plus que faire. Je me suis adressé à la caisse qui m’a accordé un prêt de 50 000 F CFA et avec cette somme j’ai pu trouver une solution à mon problème. J’ai pu réaliser mon plan de campagne et toute la famille était contente. Cette caisse présente beaucoup d’avantages pour nous ici à Djigouéma ».

Article tiré du n° 7 du Producteur, la revue de l'UNPCB, l'Union Nationale des Producteurs de Coton.

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