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Conte gouin par Mme Justine Fayama

15. Les jeunes filles et la vieille sorcière

Il y a longtemps, deux jeunes filles décident d’aller dans un village voisin. Leur petite sœur veut les accompagner, mais la grande sœur directe s’y oppose en disant qu’elle est petite et que c’est loin, qu’elle ne pourra pas marcher jusque là-bas. La fillette, quant à elle, dit qu’elle peut y arriver, mais sa grande sœur refuse.

Elles partent donc avec d’autres jeunes filles. La petite les suit en cachette. Beaucoup plus loin, une d’entre elles aperçoit la fillette et avertit les autres. La grande sœur lui enjoint de retourner au village, sans quoi elle va la frapper. Ses compagnes la supplient en lui faisant remarquer que c’est loin et qu’il faut la laisser. Une d’entre elles la prend par la main.

La nuit est déjà tombée et elles ne sont pas encore arrivées à destination. Levant les yeux, elles voient de la fumée. La plus âgée dit : « Allons demander à passer la nuit là-bas et nous continuerons demain. » Arrivées, elles trouvent une vieille toute seule. Elles lui demandent de passer la nuit. Toute joyeuse, la vieille les reçoit avec une intention derrière la tête.

Au milieu de la nuit, elle se lève et commence à aiguiser son couteau pour les tuer, car elle est une vieille sorcière. La petite fille, qui ne dort pas, dit :

« Vieille femme, que fais-tu ? »

La vieille dit : « Toi, tu ne dors pas ? »

L’enfant dit : « Moi, je ne dors pas comme ça ! »

La vielle dit : « Qu’est-ce qu’on te donne pour que tu dormes ? »

« On me donne du maïs grillé semé la même nuit ; si je mange, je m’endors ! »

La vieille sorcière sème le maïs qui pousse et donne du fruit. Elle en arrache les épis et les fait griller pour l’enfant. L’enfant mange le maïs grillé et fait semblant de dormir. La sorcière se lève à nouveau et recommence à aiguiser son couteau.

La petite fille intervient en disant : « Maman, que fais-tu là ? »

La vielle dit : « Toi, la petite, qu’est-ce que tes parents te donnent pour te faire dormir ? »

« Pour me faire dormir, mes parents me donnent des galettes de pois de terre semés la même nuit », dit la fillette. La vieille sorcière fait vite ce que l’enfant a demandé. L’enfant mange les galettes et fait de nouveau semblant de dormir.

La vieille se lève encore pour aiguiser son couteau, et notre petite demande : « Maman, pourquoi ne laisses-tu pas dormir les étrangers ? Que fais-tu ainsi ? »

La vieille dit : « Que vais-je te donner à toi, petite, pour que tu dormes ? »

« Pour me faire dormir, on va au marigot me puiser de l’eau avec une perçoire (un canari qui a des trous) : je bois et je m’endors ».

Jusqu’à ce moment, ses grandes sœurs ne sont au courant de rien; elle les réveille et les voilà toutes parties en vitesse. En chemin, elles trouvent un arbre de raisins sauvages dont les fruits sont mûrs. Elles veulent en manger, mais la petite leur dit de continuer leur chemin. Elles ont trop faim et elles ne peuvent pas continuer. Elles grimpent toutes dans l’arbre.

Pendant ce temps, la vieille essaie d’amener l’eau du marigot, mais elle la perd en chemin et elle se retrouve toujours avec un canari vide. Elle fait beaucoup d’allers-retours au marigot jusqu’à ce que le soleil se lève. Elle se fâche et retourne à la maison qu’elle trouve vide ; elle suit les traces des jeunes filles et les surprend dans l’arbre. Elle lance son couteau de sorcière en direction de la plus âgée en disant : « Don don don lèrè, fais descendre cette fille pour moi ».

La fille tombe morte. Elle la prend et dit la même chose pour la suivante. Elle fait descendre ainsi toutes les filles, et celle qui tombe meurt. Le tour de la petite têtue arrive. Quand la sorcière lance son couteau vers elle en disant : « Don don don lèrè, fais descendre cette petite fille », cette dernière change rapidement de branche. Elle change ainsi de branche jusqu’à ce que la vieille se fatigue et décide de monter pour la faire tomber en la poussant. Une fois la vieille sorcière dans l’arbre, la fillette saute par terre, prend le couteau et dit : « Don don don lèrè, ressuscite-moi cette fille aimée, et la fille se lève vivante. La petite ramène ainsi à la vie toutes les filles, sauf sa grande sœur. Il faut que les autres la supplient pour qu’elle la fasse ressusciter. Moralité : il ne faut pas chasser de force un enfant qui veut te suivre là où tu vas, car tu ne sais pas ce qu’il peut t’apporter.

 

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