Nyéléni est toujours vivante !

Il y a quelques jours, j'ai répondu à une invitation de la Via Campesina. Celle-ci me proposait de participer à un de leur séminaire de formation. Ce séminaire international, destiné en priorité à la formation de leurs nouveaux élus, s'est tenu à Sélingué, au Sud du Mali, du 22 au 25 juin 2009. Plus précisément au Centre Nyéléni.

Pour commencer, une brève présentation de La Via Campesina que toute organisation paysanne devrait connaître !

Henry Saragih, Secrétaire général de la Via Campesina et président de l'association des paysans SPI, Jakarta, Indonésie, et Juana Ferrer du Comité de Coordination International de la Via Campesina et présidente de la Confédération des femmes paysannes, République DominicaineLa Via Campesina est un mouvement international de paysans et paysannes, de petits et moyens producteurs, de sans terre, de femmes et de jeunes du milieu rural, de peuples indigènes et de travailleurs agricoles. L'objectif principal du mouvement est de développer la solidarité et l'unité dans la diversité parmi les organisations paysannes et de promouvoir une production agricole durable et des marchés locaux basés sur les petits et moyens producteurs. Née en 1993, La Via Campesina rassemble actuellement quelque 150 organisations dans 70 pays du monde.

Si vous vous demandez pourquoi La via Campesina a choisi le centre de Nyéléni pour ce séminaire de formation, on peut répondre tout simplement : « Parce que c'est là, qu'en février 2007, s'est tenu le Forum Mondial sur la Souveraineté Alimentaire , avec la participation de plus de 500 représentants venus de 86 pays. »

Mais, c'est sûrement aussi parce que l'Afrique de l'Ouest est l'une des régions du monde où les paysans souffrent le plus des effets pervers de la libéralisation du commerce international. La Via Campesina a la volonté de donner toute sa place à l'Afrique. La création du centre de Nyéléni en est un signe, comme la décision de transporter bientôt son Secrétariat International à Maputo, au Mozambique (le Secrétariat Opérationnel International de La Via Campesina travaillant sur une base tournante d'un maximum de deux périodes de 4 ans).

Bien sûr, c'est à chaque organisation paysanne de décider à quelles organisations internationales elle veut adhérer. Reste que les organisations paysannes qui ont déjà opté pour la Souveraineté alimentaire savent qu'elles trouveront en La Via Campesina un allié sûr, fidèle et averti. En Afrique de l'Ouest, de nombreuses organisations paysannes ont déjà fait le choix de la Souveraineté alimentaire. Elles pourraient se poser la question de leur adhésion à ce mouvement international de petits et moyens producteurs qui luttent pour que la Souveraineté alimentaire soit une réalité chez eux.

Les participants au séminaire ont bien apprécié le cadre : le Centre de NyéléniJe ne peux rendre compte de tout ce que nous avons vécu durant ces quatre jours à Nyéléni. Nous avons eu des échanges intéressants sur le travail en réseau, les alliés, le changement climatique, les agrocarburants... et même les nanotechnologies. Les occasions ne manqueront pas dans les mois qui viennent d'aborder ici plusieurs de ces thèmes.

La Via Campesina a fait le choix de la parité homme / femme dans ses structures et ses commissions internationales... et, pour ce que j'en ai vu à Nyéléni, ça marche !

Je terminerai par un passage de la Déclaration des Femmes pour la Souveraineté Alimentaire .

« Sous l’œil de Nyéléni, femme d’Afrique qui a défié les règles discriminatoires, qui a brillé par sa créativité et ses performances agricoles, nous trouverons l’énergie pour la mise en œuvre du droit à la souveraineté alimentaire porteur de l’espoir de construire un autre monde. Cette énergie nous la puisons dans notre solidarité. Nous porterons ce message aux femmes du monde entier. » (Nyéléni, février 2007)

Maurice Oudet
Président du SEDELAN
Bobo-Dioulasso, le 29 juin 2009

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