Le « Centre Mamou » est un Centre de Ressources pour la Communication et le Développement. Il se trouve à Kaolack au centre du Sénégal. Il rassemble des groupes de travail, de réflexion et d’initiative sur divers thèmes ; il collecte et crée des documents qui intéresseront le public rural et urbain, et qui capitalisent les expériences des populations ; ses collaborateurs accompagnent des organisations paysannes et organisent des formations.

Il vient d'éditer sa première lettre d'information.
Il nous présente une activité paysanne très intéressante :

Une foire de semences paysannes traditionnelles

L'ASPSP, l’Association Sénégalaise de Producteurs de Semences Paysannes, a organisé une  foire de semences paysannes traditionnelles au village de Djimini, près de Vélingara en Haute Casamance, en fin mars 2007.

 Près d’une centaine de paysans et paysannes ont participé et exposé des variétés traditionnelles qui existent dans leur zone. Ils sont venus du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest du Sénégal, et quelques invités du Mali, de la Gambie, de Guinée Bissau.

Ils étaient logés chez les habitants du village, dans des conditions paysannes agréables.

 Tout le village, hommes, femmes, et enfants, a partagé l’évènement avec joie ; le chef de village et la communauté ont donné chacun un taureau, et les femmes ont très bien veillé au bien-être des invités.

 Une vraie foire paysanne

 Les 19 organisations paysannes présentes et le village de Djimini qui a accueilli la foire avaient chacun un stand (un abri en matériel local) où ils ont exposé leurs semences, avec des explications sur les caractéristiques de la culture des variétés.

 On pouvait trouver une trentaine de variétés traditionnelles de riz : il y en avait pour la culture en plateaux, dans les bas-fonds, pour mangroves, sols salins, sols maigres, sols riches; il y avait des semences précoces, tardives … chacune adaptée à son milieu spécifique.

On trouvait beaucoup de variétés de mil traditionnel, de sorgho, de maïs, de fonio ; aussi des espèces maraîchères en grande diversité, des tomates de toutes les couleurs, plusieurs aubergines douces et amères, diverses courges… 

Quelques variétés de riz amélioré sont présentées aussi. Elles avaient été introduites à l’époque par l’ISRA. Elles sont maintenant bien habituées à la zone et se reproduisent comme les semences locales.

Chaque participant va à la découverte réciproque des stands des voisins. Les échanges sont vifs.

 Des découvertes surprenantes

*  Une présidente de groupement féminin du centre du Sénégal a trouvé chez les maraîchers du Fleuve les semences de beref, une courge traditionnelle qui n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Elle était ravie : «Nos mères mettaient le beref dans la sauce, mais aujourd’hui on n’en trouve plus chez nous.» Elle a obtenu un bon sachet de semences et cette culture va certainement reprendre dans sa zone.

 *  Des cultivateurs de riz de Casamance ont retrouvé une ancienne variété de riz qu’ils avaient perdue, chez les paysans de Djimini. 

 *  Une variété de mil est cultivée depuis 1930 dans une même famille de la zone de Mekhé qui l’a soigneusement conservée à travers les périodes des famines, consciente de sa valeur.

 *  Un autre cultivateur de la zone de Mekhé avait aimé chez sa grand-mère le plat de gajaanga (le pois de terre ou pois bambara), mais les semences étaient perdues dans sa zone. Lors d’un voyage chez son cousin, petit-fils de la même grand-mère, il a retrouvé les semences et il les multiplie maintenant chez lui. Le gajaanga comme aliment nourrissant et de bon goût peut bien remplacer l’arachide.

 

Des ateliers thématiques sont organisés sur l’innovation paysanne, sur la législation semencière, sur les filières fonio, sésame, riz, profitant de la présence d’une diversité de producteurs et d’expériences de la sous-région.

 Quel est l’intérêt d’une telle foire de semences pour les paysans, pour tous ?

  • Les producteurs découvrent chez d’autres organisations des variétés traditionnelles qui ont disparu de leur zone. Ils peuvent acquérir des semences et les ramener chez eux.  (Ex. le beref, le riz de Djimini, le gajaanga).
  • Ils partagent la richesse et la diversité de leurs semences locales héritées des ancêtres avec leurs collègues des autres zones et régions. La biodiversité dans le pays s’enrichit.
  • Ils renforcent leur conscience de l’importance et de l’enjeu des variétés traditionnelles pour une agriculture familiale durable.
  • Avoir sa semence au bon moment, sans courir après les crédits d’abord, est un des piliers de l’autonomie des paysans et de la souveraineté alimentaire.
  • Un plus grand nombre de personnes et d’organisations porteront plus d’attention et de soin à la production de leurs semences et à la sauvegarde des anciennes variétés.
  • Le savoir-faire traditionnel en production de semences qui est en voie de disparition, est valorisé et partagé.
  • Beaucoup de contacts et de nouvelles relations sont noués. De nouveaux partenariats s’établissent qui peuvent continuer et porter des fruits.
  • La solidarité entre les paysans du pays et des pays voisins se renforce.
  • La recherche agronomique nationale et internationale va profiter aussi de cette foire puisque c’est avec ces variétés traditionnelles qu’elle va renforcer et développer les variétés améliorées qu’elle produit pour les paysans. Si les variétés locales se perdent, c’est aussi une grande perte pour la recherche nationale.

 

Les initiateurs

ASPSP, l’Association Sénégalaise de Producteurs de Semences Paysannes a organisé la foire. Ses membres sont des associations et fédérations paysannes sénégalaises qui ont pris conscience de l’enjeu des semences traditionnelles.

 Son objectif global est de contribuer à l’autonomie semencière des paysans, par la sauvegarde des variétés traditionnelles, pour la sécurité et la souveraineté alimentaire.

 Ses principaux axes d’activités

Þ      Développer la base technique de la production des semences paysannes par les producteurs, de leur conservation et distribution.

Þ      Capitalisation et sauvegarde du patrimoine génétique et culturel des variétés locales traditionnelles adaptées, capitalisation de savoirs et savoir–faire technique et culturel.

Þ      Information, sensibilisation, plaidoyer et éducation envers le grand public rural et urbain, les autorités, les décideurs politiques et les privés.

Þ      Développement de l’organisation, renforcement de la capacité de plaidoyer.

 

Contact : ASPSP, BP 147 Vélingara, Tél. 517 25 25
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