Le directeur de l’OMC prône une nouvelle libéralisation des échanges, au risque d’accroître l’insécurité alimentaire. Et au mépris de la souveraineté alimentaire des populations.
 

Le pari dangereux de Pascal Lamy

Le directeur de l’OMC prône une nouvelle libéralisation des échanges, au risque d’accroître l’insécurité alimentaire.

Comme si de rien n’était, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) tente cette semaine de faire négocier 150 États sur une nouvelle libéralisation des échanges agricoles, en préalable aux discussions sur d’autres secteurs économiques. Au regard des tensions que nous observons désormais sur les marchés de certaines matières premières agricoles, une nouvelle phase de libéralisation aurait des conséquences catastrophiques sur l’économie agraire, sur les pratiques agronomiques et sur l’écologie, au moment même où la France lance son « Grenelle de l’environnement ». Cent quatre-vingt-six ans après la mort de l’économiste britannique David Ricardo, le directeur de l’OMC, Pascal Lamy, veut promouvoir en agriculture la théorie des avantages comparatifs, que Ricardo préconisait surtout pour l’ensemble des matières premières, dans un monde qui comptait à peine un milliard d’habitants.

Dans son acharnement à obtenir un accord susceptible d’accroître son prestige personnel, le directeur de l’OMC oublie que la planète compte plus de 6 milliards d’habitants, que toutes les terres doivent être mises à contribution pour nourrir les populations là où elles se trouvent, ce qui est incompatible avec la théorie prédatrice des avantages comparatifs. Il oublie aussi qu’une nouvelle libéralisation des échanges agricoles se traduirait très vite par des politiques de déforestation massive dans plusieurs régions du monde pour produire ce qui se vendra le mieux, qu’il s’agisse d’aliments ou de biocarburants. Et que cette déforestation ne manquerait pas d’accélérer le rythme des émissions de CO2 et des modifications climatiques, avec de plus en plus de phénomènes extrêmes préjudiciables aux récoltes.

Depuis son bureau climatisé de Genève, le directeur de l’OMC tente un pari fou en jouant à quitte ou double avec la souveraineté alimentaire des peuples. Curieusement, aucun homme politique en charge de la conduite des affaires de l’État en France ne semble y prêter la moindre attention.

G. L. P.


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