Pas aux agriculteurs ! En effet, de nouvelles études contredisent le rapport de la FAO et montrent que le Coton génétiquement modifié Bt ne bénéficie pas aux agriculteurs.

 

Communiqué de la Coalition de la Société du Deccan (Andhra Pradesh)pour la défense de la biodiversité (The Deccan Développement Society, AndhraPradesh(AP) Coalition in Défense of Diversity) et de GRAIN.

 

Le 17 mai, la FAO a publié un rapport, « Les biotechnologies agricoles: une réponse aux besoins des plus démunis ? » présentant une image positive des cultures génétiquement modifiées et recommandant que davantage de ressources soient engagées dans le développement des technologies du génie génétique pour les pays en développement. La partie centrale de ce rapport est l'analyse des expériences des agriculteurs avec le coton Bt dans le monde. La FAO déclare que «  les agriculteurs les plus démunis des pays en développement peuvent tirer des avantages significatifs de l'adoption des cultures transgéniques en termes de récoltes plus élevées et d'un rendement plus stable, de coûts en pesticides plus bas et une réduction des risques sanitaires dus à l'exposition aux pesticides chimiques. » Mais la FAOignorece qui se passe réellement sur le terrain, car le coton Bt a échoué à apporter des avantages aux petits agriculteurs dans le monde. Aujourd'hui deux nouvelles études sur le coton Bt en Inde et en Afrique de l'Ouest réalisées par la Coalition de la Société du Deccan (Andhra Pradesh)pour la défense de la biodiversité et GRAIN apportent des preuves supplémentaires de l'échec du coton Bt dans les champs et de l'échec de la FAO à défendre les intérêts des petits agriculteurs. Elles arrivent au moment où le Directeur général de la FAO reçoit une lettre signée par plus de 1500organisations et individus exprimant leur indignation et leur désaccord vis-à-vis du rapport de la FAO.


Le rapport de la Coalition d'Andhra Pradesh, intitulé « Le coton BT a-t-il encore échoué en Andhra Pradesh en 2003-2004 ? »  a étudié les cas de164petits agriculteurs de trois districts d'Andhra Pradesh pendant lasaison2003-2004. Il établit que le coton BT réduisait le recours aux pesticides et augmentait les rendements de manière insignifiante, dans l'ensemble, les profits des agriculteurs cultivant du coton BT  ayant baissé de 9 %. Cela contredit directement les données tirées d'une étude menée par ACNielsenpour Monsanto, qui déclare que les profits des agriculteurs avaient augmenté de 92 %, et cela montre combien les données fournies par l'industrie ne sont pas fiables. L'enquête de Monsanto, menée par une agence de marketing, est entrée en contact avec les agriculteurs par l'intermédiaire de questionnaires distribués juste après leur période de culture. Etant donné que la grande majorité des agriculteurs indiens ne gardent pas les comptes de ce qu'ils ont dépensé pour leurs cultures, une étude basée sur un unique questionnaire comme celui-ci peut toujours être trompeuse. L'étude de la Coalition de l'Andhra Pradesh, au contraire, s'est effectuée en continu avec les agriculteurs, en les rencontrant tous les 15 jours et en restant toujours proche des réalités de la situation. Il est par conséquent inquiétant que le rapport de la FAO établisse son portrait enthousiaste du coton BT en Inde exclusivement sur des données collectées par Monsanto durant la période de ses essais en champs en 2001. Le rapport ignore tout simplement les nombreuses études officielles et indépendantes qui ont eu lieu ultérieurement sur les expériences des agriculteurs avec le coton BT et qui démontrent de manière écrasante l'échec du coton BT en Inde.


L'évaluation de la FAO sur le coton BT est jalonnée de ce genre d'informations sélectives. L'aperçu qu'elle donne des expériences des agriculteurs avec le coton BT en Afrique du Sud est basé sur une enquête unique  de la zone des Makhatini Flats menée par des chercheurs de l'Université Reading (Royaume Uni), qui repose sur des données recueillies dans les fermes par l'entreprise Vunisa Cotton, le seul distributeur de coton et fournisseur d'intrants pour le coton de la région.  Aucune mention n'est faite des problèmes liés à la sécheresse qui ont accablé les cultivateurs de coton dans la région ces trois dernières années et qui ont entraîné de sérieux problèmes d'endettement pour les petits cultivateurs de coton BT. Selon l'étude menée par l'ONG South African NGO Biowatch, le problème de l'endettement est tellement grave que Vunisa Cotton et la Landbalk (la compagnie finançant le coton BT) se sont retirés du projet sur le coton BT parce que les agriculteurs ne pouvaient pas rembourser leurs dettes. Le rapport de la FAO omet aussi de mentionner l'introduction désastreuse du coton BT en Indonésie, où les agriculteurs en colère par l'échec du coton BT a répondre à ses promesses, ont obligé Monsanto à retirer rapidement le coton BT du marché. Pendant les deux années où il a été cultivé en Indonésie, le coton BT a augmenté le recours aux pesticides et a plongé les agriculteurs dans la spirale de l'endettement.


Là où la FAO touche le fond, dans sa façon de considérer le coton BT, c'est quand elle suggère  que les agriculteurs de l'Afrique de l'Ouest perdront des centaines de millions de dollars de profits potentiels s’ils n'adoptent pas le coton BT. Cette suggestion est basée sur une étude unique qui se sert d'un prix artificiellement bas pour les semences de coton BT (au moins quatre fois moins que ce qu'il devrait être) et du même genre de données réduites que celles utilisées dans le rapport de la FAO. Le nouveau rapport de GRAIN sur l'éventuelle introduction du coton BT en Afrique de l'Ouest présente une image  totalement différente.

Le rapport de GRAIN, intitulé « Le coton génétiquement modifié prêt à envahir l'Afrique de l'Ouest : il est temps d'agir ! » établit que le coton BT ne réduira pas le recours aux pesticides de manière significative ni n'apportera d'avantages économiques aux agriculteurs de la région. Les cultivateurs locaux de coton, les scientifiques et les ONG consultés pour l'étude disent qu'il serait bien plus efficace pour les institutions publiques de se préoccuper de soutenir les programmes de réduction des pesticides qui ont déjà prouvé leur efficacité et qui ne dépendent pas des technologies étrangères. Curieusement, le rapport de la FAO passe sous silence ces programmes de la Farmer Field School sur le coton, projets financés actuellement par la FAO en Afrique de l'Ouest. Les derniers résultats du Programme intégré de production et de gestion des maladies au Mali montre que, en utilisant les ressources et les savoirs locaux, les cultivateurs de coton étaient capables de réduire l'usage des pesticides de70%, tout en augmentant leurs rendements de 25% et leurs revenus de 49%.Sans avoir recours à aucune technologie étrangère coûteuse !


GRAIN a développé un site web sur le coton BT qui donne une image plus équilibrée des expériences des agriculteurs.(http://www.grain.org/research/btcotton.cfm) Les deux rapports, celui de la Coalition d'Andhra Pradesh et celui de GRAIN, sont disponibles sur ce site. Le rapport de la Coalition de l'AP est aussi disponible sur le site de la Société de développement du Deccan (http://www.ddsindia.com). Le site de GRAIN offre aussi un ensemble de ressources sur le coton BT, dont quelques-unes sont énumérées ci-dessous. Ceux qui cherchent à exprimer leur mécontentement concernant le rapport de la FAO peuvent toujours signer la lettre ouverte au Directeur Général de la FAO, soutenue par GRAIN et plus de 1500 organisations et individus, disponible sur le site de GRAIN (www.grain.org).

 

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