Campagne agricole 2008 : Une bonne pluviométrie prévue dans les pays du CILSS
Le centre AGRHYMET (Agriculture, hydrologie, météorologie) institution spécialisée du CILSS (Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel) a livré, le vendredi 6 juin 2008 à Niamey au Niger, ses prévisions pour la saison hivernale 2008.
Le ciel sera généreux cette année dans les pays du CILSS. C’est ce qui ressort des prévisions du centre régional AGRHYMET basé à Niamey au Niger. "La saison pluvieuse aura une tendance normale à très excédentaire en Afrique de l’Ouest en général à très excédentaire dans les pays du CILSS", a révélé le directeur général du centre AGRHYMET, Mohamed Yahya Ould Mohamed Mahmoud dans la salle Moussa-Sanou du centre en présence de journalistes et d’experts. Les zones excédentaires et très excédentaires sont celles où le cumul pluviométrique de la période juillet-août-septembre sera supérieur à la normale trentenaire (1960-1990). "Au Burkina Faso, à l’exception de l’extrême Nord qui est dans la zone excédentaire, le pays est entièrement situé dans la zone très excédentaire", a-t-il souligné.
Cette même situation est prévue dans d’autres pays du CILSS. Ainsi, le Mali qui est situé dans le Sahel central comme le Burkina Faso, connaîtra des pluies très excédentaires dans les régions situées au Sud (Koulikoro, Kayes et Sikasso notamment).
Quant aux régions du Centre et du Nord du Mali, elles sont situées dans la zone excédentaire. Le Sahel occidental (Mauritanie, Sénégal, Gambie et Guinée Bissau), est situé dans la zone très excédentaire à l’exception de la partie mauritanienne dont seul l’extrême Sud (notamment le Guidimaka) est aussi concerné par la zone très excédentaire.
Le reste du pays, à l’exception de l’extrême Nord, se trouve en zone excédentaire. Le Sahel oriental compte deux pays à savoir le Niger et le Tchad. Au Niger, on s’attend à une situation excédentaire dans la zone agricole (exceptée l’extrême Sud où la situation sera très excédentaire) et dans une partie de la zone pastorale. Au Tchad, la tendance sera de saison normale dans le Sud à excédentaire dans les régions sahéliennes.
Concernant la prévision saisonnière hydrologique, l’année 2008 connaîtra une hydraulicité supérieure par rapport à la moyenne sur les trente ans (1960-1990) au niveau de la majorité des bassins.
Des risques d’inondations
"Les bassins versants en Afrique de l’Ouest méritent donc une surveillance rapprochée, notamment la Volta, le Niger supérieur et le Sénégal du fait d’une forte probabilité de crue importante qui engendrerait des inondations", a fait remarquer le directeur général du centre AGRHYMET. "Nous ne pouvons pas situer exactement où les inondations auront lieu parce que, outre la quantité de pluies tombées, d’autres facteurs entrent en ligne de compte comme la topographie", a précisé le Dr Abdou Ali, expert hydrologue au centre AGRHYMET. De même, sur la fiabilité des prévisions, il relève qu’il s’agit de forte probabilité et non de précisions scientifiques. De plus, "pour l’instant, les prévisions ne concernent ni les dates de début, ni les dates de fin de saison des pluies, ni non plus, la répartition temporelle des pluies pendant l’hivernage".
Ce qui laisse une marge de manœuvre à des imprévues. Pour élaborer ces prévisions, les experts du centre AGRHYMET se sont basés sur la circulation de la mousson et d’autres courants océaniques en comparaison avec des statistiques. Ils ont aussi bénéficié de l’appui de services météorologiques européens. "L’exercice consiste, à l’aide de modèles statistiques et de modèles de circulation générale de l’atmosphère, à donner une appréciation qualitative et probabiliste des cumuls pluviométriques sur la période de juillet à septembre et des débits pour les périodes des hautes eaux des grands fleuves de la sous-région par rapport à la moyenne trentenaire de 1960-1990".
Zoom sur le centre régional AGRHYMET
Créé en 1974, le centre régional AGRHYMET est une institution spécialisée du CILSS dont le siège est à Niamey au Niger. Sa mission est de contribuer à la maîtrise de l’eau dans le Sahel. Ceci, par le renforcement des capacités des institutions nationales, la production et la diffusion d’informations aux décideurs politiques et autres usagers (institutions, ONG, producteurs...). De plus, le centre est une source régionale de prise de décisions dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la lutte contre la désertification, de la gestion des ressources naturelles et du suivi de l’environnement.
Ces informations proviennent des données satellitales couplées avec des données réelles collectées sur le terrain par les composantes nationales du CILSS et différents services des Etats. Elles sont traitées, analysées et diffusées par Internet, par des bulletins spéciaux et envoyées aux Etats membres du CILSS, aux partenaires techniques et financiers, ainsi qu’aux autres utilisateurs. Ces informations concernent en général, la production agricole, le suivi phytosanitaire, l’élevage, le climat, l’hydrologie et les ressources naturelles (sols, eaux, forêts...). Le Centre régional AGRHYMET est également un centre d’excellence en matière de formation. Il est reconnu par le CAMES et forme des cadres africains dans ses différents domaines d’intervention.
B.N.
Les criquets pèlerins menacent...
Les experts concluent qu’au cas où ces prévisions se réaliseraient avec une bonne répartition temporelle, la région sahélienne connaîtra de bonnes productions agricoles et pastorales si l’on considère que la pluviométrie est le principal facteur limitant de la production agro-sylvo-pastorale au Sahel. Toutefois, il est possible qu’on assiste à des phénomènes exceptionnels comme la perturbation des opérations culturales au cours de la saison, du fait des importantes quantités d’eau. Qui plus est, selon les experts, les régions désertiques du Sahel pourraient être aussi concernées par ces bonnes pluies même si les prévisions sont moins précises pour ces régions. Dans ce cas de figure, ont-ils averti, "les conditions de développement du criquet pèlerin seront améliorées et nécessiteront des prospections régulières dans les zones de multiplication de cet insecte, en vue de déceler précocement tout début de regroupement".
D’ailleurs au centre AGRHYMET, des groupes de recherche travaillent sur des méthodes affinées et moins polluantes de lutte contre le criquet pèlerin. Le chef de la division sécurité alimentaire et accès aux marchés du centre AGRHYMET, Abdallah Samba se veut optimiste : "S’il n’y a pas d’autres phénomènes comme le criquet pèlerin qu’on ne peut pas prévoir actuellement, les récoltes seront bonnes. En effet, en plus des probabilités de pluies, si les gens sèment à temps et qu’ils entretiennent les cultures, on aura une excellente campagne". Le directeur général, M. Ould Mohamed Mahmoud espère que les informations relatives aux prévisions de la saison hivernale, seront exploitées judicieusement par les décideurs des pays membres du CILSS, les producteurs et les partenaires au développement pour la réussite de la campagne agricole.
Bachirou NANA,
envoyé spécial à Niamey
Sidwaya, le mardi 10 juin 2008.