Burkina Faso :

Quelques nouvelles de la filière riz

Le marché national du riz connaît une pénurie qui a pour conséquence de raffermir ses prix de vente aux consommateurs. Alors que nous assistons à une sortie timide du riz local de la campagne de contre-saison, qui véritablement serait en deçà des besoins nationaux, le Catholic Relief Services (CRS ou CATHWEL) vient de lancer un appel d’offre pour la vente de 3 300 tonnes de riz américain dans le cadre de son programme de monétisation.

Précisions que cette intervention représenterait moins de 2% du besoin annuel de riz du Burkina Faso.

L’approche développée par l’ONG est soutenue par une étude qui prend en compte les impacts de son intervention sur marché national du riz. Toutefois, elle mériterait d’être partagée avec les autres acteurs ou prévoir leur participation dans la démarche, en l’occurrence le Comité Interprofessionnel du Riz du Burkina Faso (CIR-B) au regard de sa position dans la promotion et le développement de la filière riz au Burkina Faso et de ses missions originelles…..

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Pour ce qui est de la pénurie de riz importé sur le marché national, il est tout d’abord important de rappeler qu’à la faveur du déficit céréalier, il existerait une forte demande de riz à la consommation. En effet, les consommateurs ont une préférence pour le riz que les autres céréales (maïs, sorgo, mil) du fait de ses prix attractifs (bas). En moyenne, il faut débourser 12 000 FCFA pour un sac de 50kg de riz contre près de 20 à 22 000 FCFA pour un sac de 60 kg de farine ( équivalent d’un sac de 100kg de maïs grain après mouture).

Ce contexte de forte demande de riz coïncide avec des problèmes de transport de riz importé, le riz local étant quasi-indisponible, depuis les différents ports limitrophes.

Au port d’Abidjan, il s’agirait, comme nous l’avons déjà précisé, d’une forte demande de wagons par les opérateurs pour le transport de divers produits dont le riz. Le contrat de transport d’engrais et de coton fibre intervenu entre la SOFITEX et la SITARAIL et actuellement mis en œuvre, occuperait la majorité des wagons disponibles. Aussi, le riz et les autres produits s’enlèveraient à rythme « insuffisant ».

Malheureusement, les camions, qui constituaient une autre alternative pour les opérateurs, évitent le trajet d’Abidjan pour des raisons « d’insécurité ». Toutefois, des concertations sont en cours (et en bonne voie), selon l’Organisation de Transporteurs du Burkina Faso (OTRAF), aux fins de minimiser ces contraintes.

Quant aux ports de Lomé (Togo) et du Ghana, il s’agirait par contre d’une mésentente entre les Importateurs et les transporteurs sur les prix de transport de riz sur le Burkina Faso ou le retard dans le paiement du tarif d’avance.

Ce sont ces informations qui expliqueraient la pénurie de riz importé sur le marché  national.

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En dépit du démarrage de la campagne de commercialisation de paddy, les transformateurs de riz rencontrent toujours d’énormes problèmes dans l’approvisionnement de leur unité, tout comme prévu par l’ONRIZ. La production de la contre-saison serait non seulement en deçà des prévisions certes, mais il existerait des difficultés au niveau des circuits de commercialisation du paddy.

En effet, les périmètres irrigués de Niassan (dans la province du Sourou) ont tous déclaré ne pas pouvoir disposer de paddy pour les problèmes d’eau évoqués dans les précédentes brèves. Ce qui réduit de près de 40% la production attendue.

Par ailleurs, la transformation du riz par les coopératives rizicoles dotées de décortiqueuses, l’intervention des femmes transformatrices et les « ventes parallèles » font du paddy une matière première indisponible aux transformateurs. Leur capacité totale, estimée à plus de 5 000 tonnes de paddy par mois (pour 8 mois de fonctionnement par an), ne serait pas du tout comblée !!!!

Fort de cela, la pénurie de riz local persisterait les jours et les mois à venir du fait de l’inorganisation des circuits de commercialisation primaire et de la contre-performance de la riziculture (productivité, accès aux intrants, organisation de la gestion des aménagements, maîtrise des coûts de production,…) !

La stratégie nationale définie à ce titre est tout à fait cohérente, mais l’organisation et la professionnalisation des acteurs ne suivraient pas la logique attendue …….

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Informations rassemblées par Drabo Amadou, Observatoire National du Riz du Burkina (ONRiz)  -  Le lundi 30 mai 2005.

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