Au Sourou, les producteurs de riz s'enfoncent dans la misère.

Ces quantités de riz dans les magasins du Sourou ont une double signification. Ils montrent, bien sûr, la capacité de la vallée du Sourou et de ses producteurs à produire des quantités de riz considérables. Mais en fait, ils indiquent surtout, les difficultés des producteurs à écouler leurs récoltes à un juste prix. Quand j'ai rendu visite à la coopérative CANI, elle avait 900 tonnes de riz qui ne trouvaient pas preneur.
C'est qu'au même moment, les marchés burkinabè étaient inondés de riz thaïlandais, notamment du riz dit "Elephant d'Afrique". Ce riz est vendu à un prix cassé (en dessous des coûts de production) soit parce qu'il s'agit de brisure de riz, soit parce qu'il s'agit de vieux stocks dont la Thaïlande veut se débarrasser, soit les deux à la fois!
En janvier 2004, lors de ma visite au Sourou, le Burkina venait de faire une récolte record, avec un excédent de céréales de plus de 1 000 000 de tonnes. Et pourtant l'aide alimentaire ne s'est pas arrêtée. Spécialement le riz "parboiled" américain baptisé "aide alimentaire" alors qu'il concurrence directement le riz étuvé par les femmes du Sourou ou de Mogtedo. Même à Gouran on peut trouver des sacs qui ont contenus le riz américain.
Face à cette situation, le maïs et les oignons remplacent de plus en plus souvent le riz dans les parcelles irriguées. Mais là encore, les prix ne sont guère favorables.
Les pastèques aussi prennent la place du riz. Mais comment faire pour qu'elles n'arrivent pas toutes ensemble sur le marché, pour le plus grand profit des commerçants, mais pour le malheur des paysans.
Mais tout cela ne suffit pas. Il faut bien écouler son riz. Alors, à Gouran, à chaque marché, on voit des sacs de riz paddy prêt à partir vers Dédougou ou Bobo-Dioulasso.

D'autres femmes essaient de vendre au détail le riz décortiqué.

Quel sera l'avenir de cet enfant si le gouvernement burkinabè laisse ses producteurs de riz s'enfoncer dans la misère.

Il est temps de freiner l'importation de riz à bas prix : à des prix qui n'ont rien à voir avec les coûts de production. Si cela favorise, à court terme, les populations urbaines, cela ne construit pas l'avenir. Pourtant, il suffirait de taxer légèrement le riz à l'importation pour garantir un prix plancher aux producteurs de riz (de l'ordre de 120 F CFA le kilo de riz paddy) pour que les investissements considérables consentis par l'Etat burkinabè retrouvent leur efficacité, et les producteurs de riz le sourire.

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