Voici une bonne nouvelle pour tous les paysans du
Sud. Car au delà du coton, c'est tout le système des subventions qui
facilitent les exportations des produits agricoles des pays du Nord, au
détriment des pays du Sud, qui est visé.
Chronique des matières premières
du 28 avril 2004 sur RFI
Toutes proportions
gardées, ce qui vient de se passer à Genève est un petit
tremblement dans le monde du commerce agricole international. Dans
un avis qui n'est pas encore définitif, un groupe d'experts de l'OMC
vient de condamner les subventions que le gouvernement américain
verse à ses producteurs de coton. Elles sont contraires aux règles
du commerce international. Le document est encore secret et ne sera
rendu public que le 18 juin prochain. Mais on en sait assez pour
affirmer que c'est une victoire pour le Brésil.
Brasilia avait lancé cette procédure en septembre 2002. A l'époque,
les producteurs brésiliens de coton avaient fait leurs comptes.
Lancés depuis quelques années dans une politique très ambitieuse
sur des exploitations gigantesques, allant jusqu'à 150 000
hectares, ils estimaient qu'en 2001, la politique américaine leur
avait fait perdre la bagatelle de 600 millions de dollars. En 2001
il faut dire que les Américains avaient distribué plus de quatre
milliards de dollars à un petit groupe de 25 000 producteurs. Peu
nombreux donc mais très influents dans les milieux politiques à
Washington. Ces subventions contribuent à augmenter la récolte américaine
de coton et à faire chuter les cours sur le marché mondial. Ce qui
pénalisait et pénalise encore l'ensemble des autres producteurs,
brésiliens ou africains.
L'affaire n'est bien sûr pas terminée. Le rapport publié hier
n'est pas définitif. A quelques mois des élections présidentielles
américaines, l'administration Bush ne peut que faire appel pour
gagner du temps. Cela dit, psychologiquement, l'arbitrage de l'OMC
est un rude coup pour les grandes puissances agricoles, Etats-Unis
ou Europe. Leur politique de subvention aux producteurs de coton
perd en légitimité. Et au delà du coton, ce sont toutes les
grandes productions et exportations agricoles qui sont visées. On
n'a pas fini d'en parler!
Jean-Pierre Boris
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