abc Burkina n° 129 |
Faut-il avoir peur du Nigeria ? |
Certains responsables politiques semblent craindre le jour
où l’UEMOA (Union Economique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest)
va disparaître au profit d’un espace plus grand : la CEDEAO
(Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). Certains
craignent de se faire absorber par le Nigeria. Pourtant
le Nigeria peut aussi être le moteur économique dont l’Afrique
de l’Ouest a besoin. Et surtout, le Nigeria semble être le seul pays
de la CEDEAO capable de dire non à l’Europe, au FMI ou à la Banque
Mondiale quand la CEDEAO doit défendre ses intérêts au niveau
international.
L’exemple des poulets congelés importés est significatif. Le Sénégal, le Ghana et le Cameroun, entre autres, ont laissé ces poulets détruire presque entièrement la production avicole (la production de volaille) de leurs pays. Les parlementaires ghanéens ont même fait une loi pour se protéger des importations de volailles à bas prix. Mais en vain. Sous la pression de l’Europe, du FMI et de la Banque Mondiale, le président du Ghana a eu peur, et n’a pas signé le décret d’application de la loi. Le gouvernement du Nigeria, lui, n’a pas eu peur d’interdire purement et simplement l’importation de volailles dans son pays. Mieux, en février, une mission commerciale, conduite par le Ministre du Commerce du Nigeria, a accompagné l’Association Avicole du Nigeria (PAN) à Cotonou au Bénin. Ils ont rencontré l’Association Nationale des Aviculteurs du Bénin (ANAB), en présence du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural du Bénin. Au cours de la réunion, il a été constaté que l’importation massive au Bénin de poulets congelés et d’œufs d’Europe et du Brésil avait entraîné une déroute totale de l’industrie avicole béninoise. Il a ensuite été décidé que :
(Source : le mémorandum de cette réunion signé par des représentants des associations avicoles des deux pays, mais aussi par le Ministre du Commerce du Nigeria et celui du Bénin) Que certains fonctionnaires de l’U.E.M.O.A. craignent de disparaître dans la CEDEAO, on peut le comprendre. Les Organisations Paysannes de l’U.E.M.O.A. devraient, quant à elles, malgré la difficulté de la langue, se tourner vers le Nigeria. Elles y trouveraient certainement des alliers pour défendre la souveraineté alimentaire et donc un niveau efficace de protection de l’agriculture et de l’élevage par des taxes significatives à l’importation. Autre chose que le TEC (Tarif Extérieur Commun) actuellement en vigueur au sein de l’U.E.M.O.A. Ce TEC, qui fait le malheur des paysans et des éleveurs de l’U.E.M.O.A., mais que certains prétendent étendre à l’ensemble de la CEDEAO. Il est urgent que les paysans et les éleveurs de la CEDEAO fassent entendre leur voix ! Koudougou, le 31 mars |
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