Il y a déjà quelques mois, des amis nous ont dit : « Nous
aimons beaucoup notre journal « Les amis de la terre ». Mais
au village ceux qui peuvent le lire ne sont pas nombreux. Il faut aussi
que « Les amis de la terre » s’adresse aux paysans par la
radio. Alors, tous les villageois entendront les conseils des « Amis
de la terre ». Cela nous aidera, quand nous nous réunissons, à
voir ensemble ce que nous pouvons faire pour que notre village avance. Si
la radio et le journal parlent dans le même sens, cela nous aidera
beaucoup.
Et bien, nous avons suivi ces conseils. Et, depuis le mois d’octobre,
nous produisons une émission par mois. Voici la liste des émissions
déjà réalisées (disponibles sur cassettes audio).
1. La jachère.
2. Ne volons pas la nourriture de notre mère, la terre.
3. Alphabétisation et Développement.
4. Le jardinage.
5. Le commerce des oignons au Burkina.
6. La fabrication du compost.
7. Le Zaï (méthode traditionnelle de culture bien adaptée au
Sahel).
8. L'école bilingue.
9. L'excision.
Ces émissions sont disponibles chez «Les amis de la terre » à
Koudougou (voir adresse page 10), au prix de 1 500 F la
cassette. Dans votre groupement villageois, il y sûrement quelqu’un qui
possède un magnétophone. Pourquoi ne pas acheter ces
Si votre radio préférée ne les a pas encore programmée, demandez à
son responsable d’entrer en relation avec nous.
Il est temps de faire du compost !
Nous avons fait 4 émissions qui forment un tout : La jachère –
Ne volons pas la nourriture de notre mère (la terre) – Le compost –
Le zaï. Ces 4 émissions sont disponibles au journal à Koudougou pour
5 000 F au lieu de 6 000 F.
Pourquoi ces 4 émissions.
Parce que, déjà dans une grande partie du Burkina, la situation des
paysans est devenue très difficile. La population augmente chaque année.
Elle augmente très vite, puisqu’elle double tous les 25 ans. Aussi dans
certaines régions les paysans ne peuvent plus laisser leurs terres se
reposer. Et donc ce que l’on appelle la jachère a disparue. Les
villageois font de nouveaux champs (puisque la population augmente), et
donc ils abattent des arbres pour faire ces nouveaux champs, alors qu’au
village les femmes ont besoin de plus de bois qu’autrefois (puisque,
encore une fois, la population a augmentée !). Bientôt, le bois ne
suffit plus, et les femmes rapportent à la maison tout ce qui peut
alimenter le feu, comme les tiges de mil et même parfois le fumier des
animaux. Et très vite, les terres s’appauvrissent : on ne les
laisse plus se reposer et on leur retirent leur nourriture (tiges de mil,
le fumier des animaux…).
Il est grand temps de réagir ! Or ceux qui ont cherché des
solutions pour remplacer la jachère vous le diront : aujourd’hui
la solution passe par la fabrication d’engrais organique, la fabrication
du compost.
Oui, il est temps de faire du compost !
Il est temps de faire du compost, parce que nos terre sont déjà
fatiguées (ou pour que vos terres ne soient jamais fatiguées, si vos
terre sont encore bonnes) ; et même de faire beaucoup de compost, si
nous avons beaucoup de terre à nourrir, ou si nos terres sont très
fatiguées.
Il est de temps de faire du compost
parce que les mois de septembre et d’octobre sont excellent pour ce
travail, notamment en brousse. Parfois les paysans n’ont qu’une fosse
à compost près de leur maison d’habitation. C’est nettement
insuffisant. Alors pourquoi ne pas faire une ou plusieurs fosses en
brousse près de vos champs. Vous pouvez trouver de l’herbe pas loin de
vos champs. Il vous suffira de la couper et de la mettre dans votre fosse.
Les dernières pluies vous aideront à les faire pourrir. Si cela ne
suffit pas, peut-être y a-t-il une mare près de vos champs. Pourquoi ne
pas faire vos fosses à côté de cette mare ? Vous pourrez ainsi l’arroser
plus facilement.
Réfléchissez
: avez-vous eu assez de compost cette année
pour toutes vos cultures ? Alors, n’est-il pas temps d’en faire davantage ?
Plus jamais ça !
Au moment où j’écris ces lignes, nous terminons une émission sur l’excision.
Pourquoi une telle émission ? Parce que quand votre journal
« Les amis de la terre » parcoure le pays, il écoute les
villageois. Quand il découvre quelque chose de bon, il essaie de la faire
connaître aux lecteurs pour leur donner de bonnes idées. Mais il lui
arrive aussi d’entendre de mauvaises nouvelles. Parfois il n’en parle
pas pour ne pas vous décourager. Mais parfois ces mauvaises nouvelles
sont utiles à entendre. Elles nous aident à changer nos habitudes quand
celles-ci ne sont pas bonnes.
C’est ainsi qu’en nous promenant à travers le pays, nous avons
souvent entendu parler de malheurs qui sont arrivés dans des familles
avec la pratique de l’excision. Des filles sont mortes à cause de cette
pratiques ; des femmes ont souffert à l’accouchement, toujours à
cause des suites de l’excision.
Aussi, ce qui est arrivé dans un village à cause de l’excision
mérite d’être connu. Un jour un responsable de l’action sociale est
venu faire une causerie dans ce village : il s’agissait d’expliquer
les méfaits de l’excision et d’inviter la population à abandonner
cette pratique. La population est sortie pour écouter la causerie. Après
cela le chef a dit qu’ils avaient bien compris, mais que cette pratique
est demandée par la coutume, et donc qu’ils ne pouvaient pas abandonner
cette coutume sans demander aux ancêtres. Là dessus, l’animateur est
parti. Les ancêtres ont été consultés. Ils ont répondu qu’il
fallait continuer à exciser les filles. Peu de temps après la propre
fille du chef a du subir l’excision. Par malheur, cela c’est mal
passé : la fille est morte. A la demande du chef, les ancêtres ont
été à nouveau consultés. Cette fois, ils ont répondu que les temps
avaient changés, que maintenant ce n’était plus nécessaire d’exciser
les filles. Depuis ce temps les filles ne sont plus excisées dans ce
village.
Dans cette même émission, vous pourrez entendre le chef de Rulu (un
ancien enseignant), près de Koudougou, qui explique comment à Rulu
également, grâce à la sensibilisation qu’il a pu faire, cette
pratique a été abandonnée. Ceci nous montre qu’en pays moosi au moins
(mais ailleurs ce n’est pas très différent) ceux qui luttent contre l’excision
ont tout intérêt à se concilier les chefs de village !