Agriculteur :
c’est vraiment un métier !

Le métier d’agriculteur a changé.

Du temps de nos grands-parents, la population du Burkina était moins nombreuse. Quand une terre était fatiguée, on allait ailleurs, pour laisser la terre se reposer ; parfois, plus de vingt ans.

Aujourd’hui, souvent , il n’y a plus de terre disponible. Il faut trouver un moyen de cultiver la terre sans la fatiguer. Il faut donner une bonne nourriture à nos champs : du fumier bien décomposé, du compost. L’engrais chimique ne suffit pas. Il nourrit nos cultures, mais il ne permet pas à la terre de se reposer, de refaire ses forces.

Mais ce n’est pas tout. Autrefois, on cultivait uniquement pour nourrir sa famille. Aujourd’hui, l’agriculteur a besoin d’argent pour sa famille : pour acheter des habits, des remèdes en cas de maladie, ou pour la scolarité des enfants, et pour bien d’autres choses encore !

C’est pour cela que certains cultivent le coton ; d’autres le sésame ; d’autres encore font un jardin, et vendent les produits de leur jardin.

Mais là encore, ce n’est pas facile. Ainsi, l’an passé , les commerçants achetaient le sésame
à 5 000 F la tine. Aujourd’hui, ils ne veulent pas la payer plus de 3 500 F. Pourquoi ? Que pouvons-nous faire ?

Les oignons de nos jardins sont bien appréciés. Pourtant, il est difficile de les vendre ? Pourquoi ? Que faut-il faire ?

C’est à ces questions que ce numéro des Amis de la terre, votre revue, voudrait vous aider à répondre.

Oui, Les amis de la terre, Têngembiiga et Dugulen, sont vos revues. Pour les mettre à la portée de tous, nous avons baissé son prix de vente. Elles sont vendues maintenant à 100 F l’exemplaire. Alors n’hésitez plus à les faire connaître. Devenez diffuseur (vendeur). Voyez pages 15 et 16 ce qu’il faut faire. Et peu à peu, ces revues atteindront tous les villages du Burkina, pour mieux vous servir.

Têngembiiga.

 

Que faire pour mieux vendre
nos oignons ?

Depuis quelques mois, nous avons commencé une enquête auprès des jardiniers des environs de Koudougou. Grâce à eux, nous trouvons toutes sortes de légumes sur le marché. Si vous trouvez parfois que les légumes sont chers, allez à leur rencontre dans leur jardin. Vous verrez qu’il faut beaucoup de travail pour récolter un kilo de carottes ou un kilo d’oignons.

Surtout, ils vous expliqueront les difficultés qu’ils rencontrent pour vendre leur produits à un bon prix. Quand ils vont sur le marché de Koudougou, il arrive qu’à midi, ils n’ont pas pu vendre tous leurs produits. Ils sont obligés de les vendre très peu cher. Cela ne paye pas leur travail. C’est ainsi qu’il leur arrive de vendre un sac d’oignons
à 5 000 F, alors qu’ils espéraient en trouver 10 000 F : c’est que ce jour là, les acheteurs étaient moins nombreux que les jardiniers !

Or l’autre jour, de passage à Boromo, une vendeuse m’a proposé des oignons. Je lui ai demandé d’où ils venaient. Je me disais, sûrement, elle va me dire : « De Koudougou !» Or elle m’a répondu :
« Du Niger ». Cela m’a beaucoup étonné. Alors que les jardiniers de Koudougou n’arrivent pas à bien vendre leurs oignons, comment se fait-il que les jardiniers du Niger vendent leurs oignons au Burkina ?

 

De retour à Koudougou nous avons été faire une enquête sur les marchés de Koudougou. Nous y avons rencontré un commerçant venu du Niger avec un camion rempli d’oignons. Il nous a dit : « C’est vrai les oignons du Burkina, spécialement ceux de Koudougou, sont meilleur que ceux du Niger. Ils ont plus de goût. Quelques oignons du Burkina suffisent pour assaisonner tout un plat. Les cuisinières (et les consommateurs !) préfèrent les oignons du Burkina.

Seulement, les oignons du Niger sont moins chers ! »

Donc lui, il vient à Koudougou pour ajouter des oignons du Burkina à ceux du Niger. Ensuite, il ouvre tous ses sacs, et il mélange les oignons du Niger avec ceux du Burkina. Enfin, il met des oignons du Burkina au dessus de son sac. Puis il repart avec son camion sur Bobo-Dioulasso et Bouaké, en Côte d’Ivoire.

Nous sommes partis à Bobo-Dioulasso pour continuer notre enquête. Là, nous avons rencontré la même pratique : des commerçants qui mélangeaient les oignons du Niger et ceux du Sourou (province du Burkina), pour continuer vers la Côte d’Ivoire.

A la fin de cette enquête, moi, Têngembiiga, j’ai envie de poser quelques questions au jardinier du Burkina :

1) Saviez-vous qu’on vend au Burkina des oignons venus du Niger, et que malgré les frais de transport, ils sont moins chers que ceux du Burkina ?

2) Saviez-vous que de nombreux commerçants mélangent les oignons du Niger à ceux du Burkina pour aller les vendre en Côte d’Ivoire ?

3) Saviez-vous que les cuisinières et les consommateurs préfèrent les oignons du Burkina à ceux du Niger ?

Ainsi, la force des oignons du Niger, c’est leur prix : Ils sont moins chers que ceux du Burkina.

La force des oignons du Burkina, c’est leur qualité : Ils ont meilleur goût et ils se conservent plus longtemps.

Comme les oignons du Burkina, le plus souvent, sont plus rouges et plus petits que ceux du Niger, il est assez facile de les distinguer. Alors, j’ai une dernière question à poser :

4) Est-ce que les jardiniers du Burkina ne pourraient pas s’unir et s’organiser pour garantir aux consommateurs des oignons de bonne
qualité ?

Pourquoi ne pas vendre les oignons du Burkina dans des sacs laissant voir la qualité des légumes (comme les sacs de pommes de terre), avec des étiquettes garantissant la qualité, la date de la récolte, la provenance (lieu de production) et le poids de la marchandise. Ces sacs seraient accompagnés d’une facture, pour que le commerçant puisse garantir sa marchandise.

Les jardiniers qui seraient reconnus comme produisant des oignons de qualité aurait le droit d’avoir des sacs avec des étiquettes spéciales. C’est ce qu’on appelle « un label de qualité ». Sur cette étiquette, on pourrait écrire par exemple : « Oignons du Burkina - Qualité contrôlée et garantie »

Sûrement que de tels oignons se vendraient bien à Bouaké, et même à Abidjan !

Cet article a été écrit d’après l’enquête de M. René Bama et de M. Eric Batiébo de Radio Palabre, dans le cadre du réseau 4R. Une émission radiophonique d’une demi-heure sur ce thème est également disponible auprès du SEDELAN (B.P. 332 - Koudougou - tél: 44 03 56) ou de Radio-Palabre (B.P. 196 - Koudougou - tél. 44 00 81).

Commercialisation du sésame : Avec la FENOP: l’espoir renaît !

Assurément le sésame est un produit qui a de l’avenir, car très demandé sur le marché international. Aussi la filière sésame de la FENOP est très dynamique. Elle a pu appuyer 1250 paysans qui ont produit plusieurs centaines de tonnes de sésame. Mais déjà, on constate des problèmes de commercialisation. En effet, l’an passé la plupart des producteurs ont vendu leur sésame à 5 000 F la tine. Aujourd’hui les acheteurs ne leur proposent que 3 500 F la tine.

Pour mieux comprendre cette situation, nous avons été à la rencontre d’une commerçante de la place, qui achète de grande quantité de sésame, Madame Velegda Mamounata. En résumé, elle nous a dit : « Personnellement, je n’exporte pas le sésame, je l’achète dans les villages, pour le revendre aux exportateurs de Bobo. Aussi, j’ai participé à la réunion de Nouna, où les exportateurs ont dit que, cette année, le prix mondial à l’exportation ne permet pas d’acheter le sésame à 5 000 F la tine. Ce prix mondial nous oblige à n’offrir que 3 500 F par tine. Comme je revends aux exportateurs de Bobo, le sésame que j’achète , je m’aligne bien évidemment sur ce prix ! » Au moment de nous quitter, elle nous a dit :

« Mais vous la FENOP, puisque vous êtes une Fédération, pourquoi ne pas vous organiser pour exporter directement ?»

Face à cette situation, voici les explications du responsable de la filière sésame de la FENOP,
M. Joseph Daganon : « Nous sommes confrontés à un problème épineux, dit-il. Les opérateurs économiques qui devaient enlever notre production n’ont pas tenu leurs promesses. SODEGRAIN, en particulier, une société qui exporte le sésame s’était engagé à acheter aux paysans le kilogramme de sésame à 280 F
(soit 4 200 F la tine). Les sacs vides sont bien arrivés dans les villages, mais l’argent n’est toujours pas là ! Actuellement les acheteurs sur le terrain ne proposent que 3 500 F par tine. Cette situation est le résultat de la réunion des exportateurs de sésame qui se sont en-tendus sur ce prix, lors de leur réunion de Nouna.
 Cela ne doit pas nous décourager. Simplement cela veut dire qu’il nous faut encore nous concerter, pour voir ce que nous pouvons faire ensemble. Jusqu’ici nous avons surtout travailler à améliorer la qualité de notre production. Le temps est sans doute venu de réfléchir et de travailler pour mieux maîtriser la commercialisation.»

C’est ce que confirme M. Coulibaly du Cathwel (Secours Catholique Américain). C’est lui, qui au nom du Cathwel, accompagne la filière sésame de la FENOP. Lui aussi a constaté que le prix d’achat du sésame aux producteurs est moins intéressant que le prix de l’année dernière. Mais, il a rappelé que jusqu’ici le partenariat du Cathwel avec la FENOP a consisté à multiplier et produire une semence de qualité. Déjà, près de 30 tonnes de semence de qualité sont disponibles. C’est dire que la production pourrait commencer l’an prochain. Ce qui veut dire aussi, qu’il est temps de se préoccuper de la commercialisation. »

Le responsable de la FENOP est encore plus précis. « Nous sommes confrontés à un problème épineux. Les opérateurs économiques qui devaient enlever la production n’ont pas tenu leurs promesses. SODEGRAIN, notamment, une société qui exporte le sésame devait en principe acheté le kilogramme à 280 F. Les sacs vides sont arrivés dans les villages, mais l’argent n’a pas suivi. Ils espèrent que nous allons céder ; mais pour le moment les producteurs ont bloqué leur production. Nous allons continuer la négociation pour pouvoir vendre la production de cette année à un bon prix. Et surtout nous allons chercher à établir sans tarder un contrat avec un exportateur (voire directement avec un acheteur européen ou américain) pour la récolte prochaine. Comme nous avons produit cette année près de 30 tonnes de semences de qualité, nous pouvons espérer pour l’an prochain une production de qualité, de plus de 2 000 tonnes. Elle devrait pouvoir se vendre à plus de 5 000 F la tine. »

Pour finir M. Daganon a rappelé que la prochaine réunion de la filière sésame de la FENOP se tiendra à Dédougou. Ce sera l’occasion de débattre de tous ces problèmes et de définir notre stratégie. Mais pour lui, l’espoir est permis. Le sésame est un bon produit. Notre semence est de qualité. Notre production sera de qualité, et donc très demandée.

Article rédigé par M. Edmond Boléané et Mme Fadima Diarra.

Nous remercions la FENOP (Fédération Nationale des Organisations Paysannes, B.P. 977 - Ouagadougou -
( : 36 11 51) qui nous a autorisé à reproduire cet article tiré de leur bulletin: FENOP - Info N° 1).

L’alphabétisation : l’affaire de tous !

Cette année encore, de nombreux centres d’alphabétisation ont été ouverts dans les villages. Beaucoup ont fait de gros efforts pour apprendre à lire, à écrire et à calculer dans leur langue. Il ne faudrait pas que tout ce travail soit perdu. Or, il arrive trop souvent que des villageois déclarés alphabétisés ne savent plus lire ni écrire 2 ans plus tard. Que faire pour éviter cela ?

1) Il faut absolument qu’à la fin d’un stage les nouveaux alphabétisés partent à la maison avec de nouveaux documents. Chaque moniteur doit donc proposer des livres à ses stagiaires à la fin du stage.

2) Ceux qui organisent ces stages devrait offrir un abonnement d’un an à un journal écrit dans la langue des élèves. Etre déclaré « alphabétisé » devrait donner droit à un tel abonnement.

3) Dans chaque cour où se trouve un ou plusieurs alphabétisés, il faudrait fabriquer un tableau noir (ou vert) en ciment. Tous ceux qui ont appris à écrire pourrait écrire sur ce tableau, comme le font souvent les élèves en ville.

4) Dans le village (près du marché, de l’église, de la mosquée...) on pourrait construire de petits murs de deux mètres de haut, et deux mètres de large. Chaque côté de ces murs recevrait un tableau. Tous ceux qui auraient des informations à donner pourrait écrire sur ces tableaux.

5) Après la formation initiale et la formation complémentaire de base, il faut absolument offrir de petites sessions de 3 à 5 jours à tous les alphabétisés. Les documents (disponibles en moore ou en jula) « Comment garder bonne la terre » « L’eau manque à nos cultures » « Comment fabriquer le compost » (et bien d’autres) sont très bien pour cela. Ils sont disponibles à l’adresse suivante : Têngembiiga (ou Dugulen) B.P. 332 - Koudougou (tél. 44 03 56)
oudet.maurice@fasonet.bf . et aussi au CESAO, à Bobo-Dioulasso.

6) Il faut absolument que chaque association, chaque O.N.G., chaque paroisse redouble d’effort pour offrir aux nouveaux alphabétisés des documents écrits pour eux, et dans leur langue. C’est à ce prix qu’il sera possible de faire reculer l’analphabétisme. Aidez-nous à diffuser les journaux en langue...

7) Les amis de la terre, Têngembiiga et Dugulen ont décidé de faire encore plus : grâce à l’appui du gouvernement burkinabé et de quelques amis, nous avons décidé de baisser nos prix pour que nos revues soient accessibles à tous. A partir de ce numéro, ces revues sont vendues :

Au détail : 100 Francs l’exemplaire.

Aux revendeurs (au moins 10 exemplaires par numéro) :
75 F l’exemplaire.

Pour les revendeurs qui payent leur abonnement à l’avance (au moins 20 exemplaires par numéro, avec la possibilité de « mélanger » les 3 revues : 250 F par an (ce qui fait l’exemplaire à 62,5 F, soit plus de 50 % de réduction sur l’ancien prix aux revendeurs qui était de 130 F)

C’est à dire que pour un versement de 5 000 F vous recevrez 20 exemplaires des 4 prochains numéros, ce qui correspond à une année. Ce qui vous donne la possibilité de prendre vous-même des abonnements à 250 F par an, ou de revendre les exemplaires au détail. Vous pouvez confier ce travail à quelqu’un et lui laisser le bénéfice pour l’encourager. Si tous les numéros sont vendus, cela représente 8 000 F, soit 3 000 F de bénéfice pour un « investissement » de 5 000 F. Cherchez bien autour de vous, vous trouverez sûrement quelques personnes sérieuses pour faire ce travail.

Pour le règlement, le plus simple est souvent de passer par la poste : envoyez un mandat directement sur le CCP de nos revues :
CCP Têngembiiga ou Dugulen - 9363 A - Ouagadougou
Il ne vous en coûtera que 170 F.

Oui, l’alphabétisation, c’est l’affaire de tous. Alors que chacun s’interroge : que peut-il faire pour aider ses frères à maîtriser la lecture, l’écriture et le calcul ?

Que Dieu bénisse nos efforts.

Têngembiiga